Ligne de confusion et offensive réactionnaire contre l'antiracisme et le féminisme

Publié le par Henri LOURDOU

Ligne de confusion et offensive réactionnaire contre l'antiracisme et le féminisme
Ligne de confusion et offensive réactionnaire contre l'antiracisme et le féminisme
Ligne de confusion et offensive réactionnaire contre l'antiracisme et le féminisme

Ligne de confusion et offensive réactionnaire

contre l'antiracisme et le féminisme.

 

"L'enfer est pavé de bonnes intentions" : comment ne pas souscrire à l'éditorial de Caroline FOUREST pour le hors-série n°1 du magazine "Franc-Tireur" intitulé "50 nuances de Woke" ?

Quand elle conclut : "La solution n'est pas d'en revenir à un art stéréotypé et à des représentations patriarcales. Elle est de trier le bon grain de l'ivraie : la demande d'égalité de l'abus liberticide. En un mot, de distinguer l'antiracisme et le féminisme du wokisme. C'est l'enjeu de ce hors-série", elle introduit cependant une confusion grosse de conséquences.

Car le mot "wokisme" n'est pas innocent.

Celui-ci est en effet un mot de combat inventé et propagé par l'extrême-droite pour s'opposer à la demande d'égalité, à l'antiracisme et au féminisme. Contrairement au mot "islamophobie", récusé par Caroline Fourest et ses amis au motif qu'il est instrumentalisé par les Frères musulmans, qui n'a pas été inventé par eux mais par des Occidentaux imprégnés de supériorité coloniale, et qui, comme le mot "antisémitisme", inventé par les racistes anti-juifs, relève d'un retournement du stigmate par les stigmatisés eux-mêmes.

Ainsi, pour le moment, personne ne se dit "wokiste, et le mot "wokisme" demeure un instrument de stigmatisation de causes justes par des gens opposés à toute remise en cause des oppressions et des discriminations.

 

Aussi, le plaidoyer pour une vigilance (justifiée) face à certains excès glisse très facilement dans l'amalgame et le procès d'intention lorsque ce numéro choisit le ton polémique et alarmiste et systématise le soupçon.

On atteint le sommet caricatural de cette démarche avec la prétendue mise au point du philosophe Raphaël ENTHOVEN qui, sous le titre "Les nouveaux habits de l'intolérance", prétend assimiler le wokisme à la pensée contre-révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle opposée à l'universalisme des Lumières. Il y a là une totale inversion de la réalité lorsqu'il se permet de conclure, sous une forme faussement interrogative : "Quelle différence entre l'hyperconservateur, qui reproche son abstraction à l'idée de l'humanité et situe son salut dans le mouvement inverse, et le woke pour qui n'existent que les Noirs, les Blancs, les hommes, les femmes, les "trans", les "cis", et qui tient l'universel pour une fiction forgée par les dominants, dont la suppression serait libératoire ?"

Car c'est bien, au contraire, au nom des droits humains universels que tout woke dénonce et combat les inégalités ! Sinon, sur quoi pourrait-il fonder cette dénonciation et ce combat ?

Cette évasion dans le délire paranoïaque irrigue tout ce numéro, et les timides restrictions et contre-feux censés le démarquer de l'offensive réactionnaire en cours ne font que cautionner la pente de lecture dominante du sensationnalisme alarmiste anti-woke.

Pente accentuée encore par la bibliographie très sélective et auto-promotionnelle donnée en fin de numéro...

 

On lui préfèrera la double page très nuancée donnée dans "Le Monde" daté 24-6-23, pp 24-5, sous le titre "Le "wokisme", déconstruction d'une obsession française", par Nicolas TRUONG.

Il rappelle, fort opportunément, que : "En France, comme aux Etats-Unis, ce sont les partis de droite et d'extrême-droite qui sont aux avant-postes de la croisade anti-woke". Et il met clairement en perspective les fondements et les enjeux de cette obsession anti-wokiste.

Une illustration récente nous en est donnée par cet article du magazine du Monde, "M", daté 24-6-23, p 30, reproduit ci-dessus.

La demande d'égalité, l'antiracisme et le féminisme sont bien des combats à poursuivre en priorité, sans nous laisser troubler par des amalgames et des procès d'intention qui sèment la confusion.

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