Maryse CONDE L'évangile du nouveau monde

Publié le par Henri LOURDOU

Maryse CONDE L'évangile du nouveau monde
Maryse CONDÉ
L'évangile du nouveau monde
roman
Buchet-Chastel septembre 2021, 280 p.

 

 

Dernier livre publié de Maryse Condé, il est notamment dédié "à Pascale, jamais amie ne devint plus parfaite secrétaire", rappel discret du fait qu'ayant perdu "l'agilité de ses mains", Maryse Condé a dicté ses derniers livres.

Le précédent, que je me propose de lire, datait de 2017 : voici ce qu'en dit sa notice wkipédia :

"Dans les jours qui suivent la sortie du "Fabuleux et triste destin d'Ivan et Ivana", elle envoie au magazine L'Obs une tribune en écho au discours abondamment commenté dans la presse d'Emmanuel Macron, dans lequel le président qualifie la colonisation de crime contre l'humanité. Dans cette tribune, l'écrivaine retrace son processus de conscientisation et de décolonisation, faisant ainsi du Discours sur le colonialisme « sa Bible et sans exagération », souligne-t-elle, puis revient sur la période des « soleils des indépendances » - d'après l'expression malinké traduite et popularisée par Ahmadou Kourouma - pour exprimer sa vision actuelle. Renvoyant dos-à-dos l'avidité des conquistadors dénoncée par Aimé Césaire et les « rêves de possession des colonisés » analysés par Frantz Fanon, elle s'interroge et fait la part belle au rêve en rebondissant sur une obsession occidentale, la décadence, réactualisée par l'essai fortement médiatisé de Michel Onfray paru au début de l'année 2017. « Alors que conclure ? Mais précisément faut-il conclure ? Ne concluons pas. Rêvons plutôt, imaginons. L’histoire du monde n’est pas finie. Déjà des esprits éclairés prédisent la mort de l’Occident. Un jour viendra où la terre sera ronde et où les hommes se rappelleront qu’ils sont des frères et seront plus tolérants. Ils n’auront plus peur les uns des autres, de celui-ci à cause de sa religion ou de celui-là à cause de la couleur de sa peau, de cet autre à cause de son parler. Ce temps viendra. Il faut le croire. » Cette profession de foi pour un nouvel humanisme peut se lire comme la morale du "Fabuleux et triste destin d'Ivan et Ivana". "

Cette profession de foi humaniste se retrouve dans ce dernier récit, beaucoup plus léger, qui témoigne de son amour inentamé pour son pays natal, la Guadeloupe, de son scepticisme vis-à-vis de tout messianisme (son néo-prophète, Pascal, est régulièrement en proie au doute, et ses "miracles" n'en sont pas vraiment...), de son refus des utopies autoritaires et puritaines, et de sa foi au fond en l'amour et au bonheur privé comme remède au désespoir.

Récit picaresque et un peu déjanté, cet "évangile du nouveau monde" n'a rien d'un "évangile", et beaucoup de charme nostalgique (au passage, on a droit aussi à quelques recettes de cuisine et à quelques citations de poètes français classiques...). Un adieu élégant de cette grande dame des lettres, dont l'humour, l'inventivité verbale et le recul me font penser à Margaret Atwood.

Publié dans Histoire, voix libertaires

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