Franc-Tireur : esbroufe, cirage de pompe et hypocrisie néo-réac

Publié le par Henri LOURDOU

"Franc Tireur" :
esbroufe, cirage de pompes et hypocrisie néo-réac...

 

Je retombe sur ce billet d'humeur oublié dans un carnet depuis plusieurs mois. Il me semble qu'il est opportun d'enfoncer le clou, vue la confusion ambiante et la fixette anti-LFI de certains...

 

J'ai déjà exprimé ici le sentiment plus que mitigé que m'inspire le (plus tout-à-fait) nouvel hebdomadaire "Franc Tireur".

Sous couvert de combattre le sectarisme et l'irrationalisme, il exprime en réalité une tendance néo-réactionnaire davantage attachée à disqualifier les nouveaux combats écologistes, féministes et antiracistes qu'à en distinguer les formes excessives ou déplacées.

 

Esbroufe

 

De plus, son style éditorial, soi-disant polémique s'accompagne d'une propension fort désagréable à pratiquer l'effet d'annonce sans contenu consistant derrière.

Ainsi je me suis fait encore avoir en achetant son n°98 du 27-9-23 annonçant en "une" vouloir pratiquer "L'anatomie de la chute de la Nupes" (p 2).

En fait d'anatomie, le lecteur n'a droit qu-à une ode énamourée à Fabien Roussel, une analyse un peu courte sur l'isolement électoral de LFI aux sénatoriales de septembre 23 et aux européennes en vue de juin 24, et un bêtisier en images de certains propos tenus lors des manifestations du 23 septembre 23 contre le racisme, les violences policières et pour la défense des libertés. Mais d'"anatomie", point.

On reste donc sur sa faim... Qu'en est-il des perspectives d'union de la gauche et des écologistes ? L'idée est-elle vraiment morte ? Et pourquoi ? Visiblement cela n'intéresse pas "Franc Tireur", uniquement centré sur la dépréciation de LFI, "l'unique objet de son ressentiment, présenté comme un bloc monolithique uni derrière un chef tout-puissant. Ce qui là encore demanderait à être un peu plus documenté...

On remarquera au passage cet amour nouveau pour le PCF, depuis que ce parti semble ne plus représenter le moindre danger électoral et que son dirigeant s'est converti au néo-poujadisme du faux "bon sens" contre toutes les outrageantes nouveautés du féminisme, de l'écologie et de l'antiracisme postcolonial...

 

Cirage de pompes

 

Par ailleurs, je tombe, p 7, dans la rubrique "Culture", sur un hallucinant cirage de pompes consacré au spectacle monté par Raphaël Enthoven ("conseiller éditorial" et éditorialiste de "Franc Tireur") sur Albert Camus. Personne ne peut dire ce que feu Albert Camus en aurait pensé, néanmoins je ne peux m'empêcher, ayant longuement fréquenté son oeuvre et lu deux biographies de lui, de penser qu'il n'aurait certainement pas apprécié cette façon de se servir de lui. Je trouve en tout cas particulièrement débectant cet exercice outrancier de l'admiration alimentaire. A soi seul, il me suffit pour disqualifier ce journal.

 

Hypocrisie néo-réactionnaire

 

On retrouve l'obsession anti-LFI concernant les propos tenus par le Pape sur les migrants à Marseille en ce mois de septembre 23. Car le fait qu'ils aient été salués par LFI constitue à l'évidence un argument suffisant pour les disqualifier. Mais cela va au-delà.

En effet, ces propos humanistes, qui devraient pour des gens de gauche relever de l'évidence (or "Franc-Tireur" se prétend de gauche...) deviennent, sous la plume de Caroline Fourest ("directrice de la rédaction"), p 7, de "souverains poncifs, qualification reprise par Benjamin Sire, p 2, sous la forme "De simples lieux communs", dans une "brève" intitulée : "RN/LFI : le Pape brouille les cartes".

Comme on ne peut pas tout de même désavouer ouvertement ces propos, on les salue , mais en prenant aussitôt le soin de souligner la difficile tâche des gouvernants dont la "mission est infiniment plus difficile que de sermonner en faveur de l'accueil ou du rejet des migrants" (C.Fourest). Ainsi les "extrémistes" sont, comme il se doit, renvoyés dos à dos, dans une fausse symétrie qui omet tout simplement l'influence décisive des uns sur les politiques en vigueur, et la marginalisation des autres en compagnie du Pape, lui aussi implicitement qualifié d'extrémiste. Ainsi que les réalités humaines des migrations et leurs causes...

Un exemple parlant d'hypocrisie néo-réactionnaire. Une justification hélas éloquente de la politique européenne de non-accueil au nom de la "difficile mission" des gouvernants.

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