L'enjeu de la loi Darmanin

Publié le par Henri LOURDOU

Rencontre citoyenne/ Échange sur le projet de la loi immigration

Le samedi 2 décembre de 15h à 17h à Tarbes

 

Monsieur Benoit Mournet, député des Hautes-Pyrénées invite les citoyens et élus à venir le rencontrer pour un temps d’échange autour de la loi immigration le samedi 2 décembre à la Maison de Quartier du Martinet, salle Marie Danos à Tarbes de 15h à 17h.

 

Intervention au nom des EGM

 

Je commencerai par cette citation du journal "Le Monde" du 25-11 analysant les résultats des dernières élections aux Pays-Bas : "En août, Dilan Yesilgöz, la ministre de la justice sortante, a certainement contribué à changer le cours des choses. Cette dirigeante, qui a succédé à Mark Rutte comme tête de liste du parti libéral VVD, voulait afficher un positionnement plus à droite que celui du premier ministre sortant. (...)

Cette perspective d'un gouvernement soucieux de réduire l'immigration est apparue comme une légitimation du PVV (le parti d'extrême-droite anti-migrants de Geert Wilders). Elle a conforté l'électorat traditionnel du VVD dans l'idée qu'un rapprochement avec l'extrême-doite était possible, voire nécessaire. Longtemps donné vainqueur, son parti a fini par s'effondrer : selon une estimation, 19% des électeurs habituels du VVD se sont reportés sur le parti de M. Wilders".

 

Mutatis mutandis, c'est bien le même processus qui est en cours en France, après LR qui a perdu une bonne partie de son électorat au profit du RN, c'est la majorité présidentielle, par l'action de Gérald Darmanin, qui est en train de procéder à la même politique de Gribouille.

 

Nous pensons, forts de notre expérience et de notre réflexion de dizaines d'années dans l'accueil et l'accompagnement des migrants, que l"ensemble de la classe politique de ce pays porte une lourde responsabilité dans cette dérive.

Cette responsabilité est celle du "déni d'immigration". Elle est bien analysée par le professeur François Héran dans son dernier ouvrage, justement titré : "Immigration : le grand déni". Ce déni a conduit à la prolifération de contre-vérités qui occupent aujourd'hui l'espace du débat public et bornent la vue du plus grand nombre.

Un homme politique français unanimement célébré, a fait un discours à la demande du proviseur de son ancien lycée d'Albi en 1903, un passage de ce "discours à la jeunesse" est particulièrement célèbre. A juste titre. C'est celui où il parle du courage : "Le courage, dit-il, c'est de chercher la vérité et de la dire; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques."

Il serait temps que les hommes et femmes politique d'aujourd'hui appliquent ce sage conseil.

La vérité c'est que notre pays n'est menacé ni de submersion migratoire, ni de Grand Remplacement, mais bien de vieillissement démographique et de déclin économique dus à la tentative de fermeture de nos frontières, et d'apartheid ethno-racial, de montée de l'exploitation des passeurs, trafiquants de main d'oeuvre et marchands de sommeil dus à la précarisation et au non-accueil des exilé-es.

Il en découle que non seulement le projet de loi Darmanin va dans le mauvais sens, mais qu'il faut complètement inverser la politique suivie depuis des dizaines d'années.

Ouvrir d'autres voies au droit au séjour que l'asile ou l'accueil des mineurs non accompagnés, en faisant du droit au travail et à la vie familiale le coeur de nos politiques d'accueil.

Faire une politique favorisant l'intégration des exilé-es avec une stabilité dans ses règles, et non une loi tous les deux ou trois ans restreignant et complexifiant toujours plus leurs possibilités d'accueil.

Rompre pour cela avec les discours dominants qui sont ceux de "la peur de la peur", c'est-à-dire la peur qu'ont les politiques des peurs de l'électorat, comme le dit avec raison le professeur Héran.

C'est là le premier point, déterminant, celui qui consisterait à parler enfin clair en s'opposant frontalement aux mensonges triomphants qui passent, aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.

Il n'est besoin pour cela que d'un peu de courage. Notre démocratie en a grand besoin.

 

États Généraux des Migrations 65, composé de Réseau Éducation Sans Frontières, Amnesty International, Secours catholique-Caritas

c/o FSU 7 rue André Breyer 65 000 Tarbes.

Publié dans Immigration, politique

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