Attal-Mélenchon : démagogie et radicalisation contre démocratie

Publié le par Henri LOURDOU

Attal-Mélenchon :

démagogie et radicalisation

contre démocratie.

 

Certains esprits chagrins diront peut-être : "Mais quel rapport entre Gabriel Attal et Jean-Luc Mélenchon ?"

Ce n'est bien sûr pas dans les idées qu'ils professent que ce rapport peut être établi.

Leur point commun est qu'ils font de la politique. Et qu'ils la font de la même manière : en pratiquant la démagogie et en s'appuyant sur la radicalisation des positions. Ce type de pratique menace la démocratie qui ne peut perdurer à l'opposé que par la pratique du débat argumenté et rationnel et du compromis pacifique à travers des procédures respectées.

 

La démagogie d'Attal

 

Ministre de l'Éducation nationale et de la jeunesse depuis le 20 juillet 2023, Gabriel Attal n'a rien à faire ni des personnels de l'Éducation ni des jeunes qui leur sont confiés. Son seul souci est de marquer l'opinion par des positions simples et tranchées qui s'inscrivent dans l'air du temps.

L'air du temps étant réactionnaire, il va donc prendre des positions réactionnaires. Mais il pourrait faire aussi bien l'inverse si les temps changeaient. Cela s'appelle l'opportunisme, et cela relève de la démagogie.

Ainsi, tout dernièrement, alors que le dernier Rapport Pisa (Programme d'information international sur les acquis des jeunes) met en avant la baisse dramatique du niveau des jeunes de 15 ans français en matière de mathématiques et de compréhension de l'écrit, Gabriel Attal dégaine aussitôt ses remèdes : groupes de niveau et redoublements. Cela alors que le rapport met en avant le déficit d'enseignants et les inégalités sociales comme principales explications.

Son discours récurrent sur la restauration de l'autorité des professeurs ne s'accompagne d'aucune mesure de revalorisation de leur statut ni d'amélioration de leurs conditions de travail...ni d'analyse critique sur le modèle professionnel toujours en vigueur hérité de Napoléon, qui néglige totalement la qualité de la vie scolaire et les relations entre élèves, pour se centrer uniquement sur la relation verticale de transmission entre le Maître supposé et les Disciples avides de savoir et soumis.

Par contre gros succès assuré au bar du coin, sur les réseaux sociaux ou devant les postes de télé...

 

Cette façon de procéder ne peut qu'alimenter la dégradation du climat scolaire et des résultats qui en découlent. Mais qu'importe : d'ici là Gabriel Attal aura changé de poste dans sa progression de carrière ininterrompue et ascendante, après avoir engrangé une popularité croissante.

 

La démagogie de Mélenchon

 

Candidat perpétuel à l'accès au 2d tour de l'élection présidentielle, JL Mélenchon a trouvé la martingale magique : le vote des abstentionnistes des banlieues populaires en rupture de République.

Il se fait fort de les rallier à coup de buzz négatif sur sa personne jusqu'à incarner l'Antisystème par excellence. Marine Le Pen se banalise ? Lui va s'exceptionnaliser jusqu'à la caricature en tapant sur toutes les incarnations médiatiques du Système. Quitte à flirter subliminalement avec l'antisémitisme. Ce n'est pas un dérapage ponctuel, on le voit à présent avec l'affaire Ruth Elkrief, mais un procédé.

Procédé à présent bien rodé : il lance une attaque un peu vive sur une cible bien choisie, et il n'a plus qu'à attendre les réactions outrées pour se poser en victime de la Caste médatico-politique, et appeler tous ses soutiens à serrer les coudes autour de lui.

Ce faisant, il déclenche également une montée de haine pas toujours très claire (l'antisémitisme n'est jamais loin) sur des personnes comme par hasard d'origine juive...

Mais il engrange des soutiens inattendus.

Ce qu'il gagne d'un côté, ne le perd-il pas de l'autre, dira-t-on. Mais JLM est sûr de lui : il pourra à nouveau rassembler autour de lui s'il accède au 2d tour. Les électeurs n'auront pas le choix : ce sera lui ou Le Pen.

Le problème est que son image est tellement dégradé, qu'il va apparaître comme le véritable extrémiste face à une politicienne lisse qui joue au contraire de lui la carte de la banalisation.

Jeu très dangereux en plus d'être moralement irresponsable et méprisant pour l'intelligence des électeurs-trices.

 

Pour une alternative démocratique

 

Nous devons défendre sans concession les conditions d'un débat rationnel et argumenté. Pour cela, il convient de rompre clairement avec ces pratiques en les dénonçant.

La démagogie et la radicalisation qu'elle entraîne sont les ennemies de la démocratie.

 

Références : "Le Monde" daté 6-12-23, pp 10 et 12-13.

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