Hans Magnus ENZENSBERGER Hommage et réflexions

Publié le par Henri LOURDOU

Hans Magnus ENZENSBERGER Hommage et réflexions
Hans Magnus ENZENSBERGER Hommage et réflexions
Hans Magnus ENZENSBERGER Hommage et réflexions
Hans Magnus ENZENSBERGER Hommage et réflexions

Hans Magnus ENZENSBERGER

Hommage et réflexions.

 

A la lecture de la nécrologie de cet auteur ("Le Monde" daté 27 et 28-11-22, p 19), j'ai rassemblé ses livres présents dans ma bibliothèque (voir ci-dessus) et j'ai lu le seul que je n'avais pas encore lu : "Les rêveurs de l'absolu", histoire des révolutionnaires russes pré-bolchéviks ayant pratiqué le terrorisme ("nihilistes", anarchistes et socialistes révolutionnaires).

Une histoire assez distanciée qui évite la complaisance sans ôter l'empathie avec certains de ces personnages de haute stature morale, qui avaient aussi impressionné Camus et inspiré sa pièce "Les Justes".

La lecture de la nécro du "Monde" me donne une indication sur ma sympathie spontanée et continue avec cet auteur. "Très tôt, il a été marqué par un écrivain français qui s'est, lui aussi, interrogé sur les paradoxes de la nature humaine, Etienne de la Boétie : "J'ai toujours sur ma table de travail mon exemplaire du Discours de la servitude volontaire (...) Il a été le premier à poser la question : comment deux, trois ou quatre individus peuvent-ils arriver à faire marcher en rangs des millions d'hommes ? Comment est-ce possible ? (...) Avec La Boétie, j'ai découvert évidemment Montaigne, les moralistes français tels que Chamfort. Et par la suite, Diderot , "mon" grand écrivain."

 

Concernant spécifiquement ces "rêveurs de l'absolu", cette lecture me renvoie à une autre lecture ancienne, celle de la suite d'articles du militant anarcho-individualiste VS Le Rétif (qui ne signait pas encore Victor Serge) dans "Le libertaire" de janvier à avril 1919 sous le titre "L'esprit révolutionnaire russe" (in Victor SERGE "Mémoire d'un révolutionnaires et autres écrits politiques – 1908-1947", Bouquins -Robert Laffont, 2001, pp 46-61).

Dans le contexte d'une "grande lueur à l'Est" qui fascinait alors tous les tenants de la rupture révolutionnaire, au lendemain du grand massacre de 1914-18, il concluait : "Sur les voies de la décadence ou sur celle d'un meilleur avenir, les peuples sont toujours menés par des élites : nombreuse, recrutée principalement parmi les intellectuels et les travailleurs, l'élite du peuple russe est actuellement à la tête du mouvement révolutionnaire international. Elle est éprise de son savoir, cultivée, intelligente; elle est idéaliste, dévouée, convaincue, absolue dans ses aspirations. Telles semblent être les principales caractéristiques de l'esprit révolutionnaire russe." (p 61)

Expérience faite, après avoir été expulsé de France en Russie dès janvier 1919 dans le cadre d'un "échange" négocié entre les autorités françaises, qui l'internaient après un court exil à Barcelone (février à été 1917), et le gouvernement soviétique, il reviendra sur cette appréciation à la fin de sa vie et son expulsion d'URSS en 1936, grâce à une campagne internationale d'écrivains progressistes. (cf Repères biographiques pp 987-993).

Dans son autobiographie, écrite au Mexique en 1941-42, il réévalue la social-démocratie et le réformisme qu'il méprisait jusque-là : c'est le retour sur les lieux de son enfance miséreuse, à Bruxelles, en 1936, qui lui ouvre les yeux. (pp 772-3)

De fil en aiguille, cette relecture me pousse à m'interroger sur le destin de la Russie et son histoire. Ce sera l'objet de mon prochain article.

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