Liban : la fin d'un monde ?

Publié le par Henri LOURDOU

Liban : la fin d'un monde ?

LIBAN : la fin d'un monde ?

 

A force de se penser comme le nombril du monde, l'Occident, et tout particulièrement son opinion publique, façonnée, on en a bien conscience, par les médias dominants – mais on ne voit pas que la scène médiatique "alternative" des réseaux sociaux contrevienne puissamment à leur vision – est incapable de voir que son avenir se joue ailleurs.

On l'a vu avec la mise à distance obstinée de la guerre en Syrie, on le voit avec la question migratoire, et on le voit aussi concernant ce qui se passe aujourd'hui au Liban.

 

Les livres, pour moi très éclairants, d'Amin MAALOUF m'avaient déjà alerté sur le délitement d'un "modèle" qui , bien que n'ayant rien d'exemplaire, avait pourtant permis la coexistence sur un même territoire d'une mosaïque ethno-religieuse. Ce qui allait à l'encontre de la prolifération des Etats-nations et de leur logique mortifère d'épuration ethnique. Il constituait notamment un modérateur à la transformation d'Israël en Etat mono-religieux et "ethniquement pur".

Sur le chemin sanglant des "identités meurtrières", il constituait un ralentisseur. Et il aurait pu constituer un véritable obstacle s'il s'était haussé au-dessus des logiques communautaires et clientélistes à travers un processus de démocratisation radicale et trans-communautaire.

Or, ce processus s'était enclenché avec le puissant mouvement de la société civile contre la corruption qui s'est levé depuis un an.

Mais il est aujourd'hui saboté par la crise financière accélérée par les oligarchies communautaires des partis dominants, dont le représentant collectif est l'Association des Banques du Liban.

C'est ce qu'analyse avec une grande clarté le correspondant du "Monde" à Beyrouth, Benjamin Barthe, dans ce journal daté 17-7-20, sous le titre"Le "parti des banques" fait barrage au plan du FMI." Car il semble patent que sous couvert d'indépendance nationale, la classe dominante joue sa survie contre celle des classes moyennes du pays précipitées dans la misère,et donc la paralysie politique. Un tel cynisme, une telle rapacité auront des conséquences majeures sur le pays, mais aussi sur la région et sur le monde entier. Dominique Eddé, dans ce même n° du "Monde" a parfaitement raison de souligner que ce qui vaut pour le Liban vaut pour le monde entier : en vidant un pays de sa jeunesse et de sa pluralité c'est l'espoir en l'avenir que l'on est en train de tuer.

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