Politique migratoire : hypocrisie et mensonges de la social-démocratie danoise

Politique migratoire :
Hypocrisie et mensonges de la Social-Démocratie danoise.

    Dans les pages "Idées" du "Monde" daté 31 août 2023, le ministre social-démocrate danois de l'immigration et de l'intégration vient plaider en faveur de l'externalisation des demandes d'asile en Europe.
    On sait que son gouvernement, soi-disant de gauche, a institué la politique d'accueil la plus restrictive qui soit sur notre continent. Et donc son plaidoyer est d'abord une justification de cette politique de non-accueil.
    Ce plaidoyer repose cependant sur un premier gros mensonge doublé d'hypocrisie : l'opposition entre les "femmes, enfants, personnes handicapées ou en mauvaise condition physique" que nous laisserions dans des "camps de réfugiés sous-financés", et les "jeunes hommes" pour lesquels "nous dépensons d'énormes ressources" alors que "beaucoup n'ont aucun motif légal d'asile".
    Il laisse ainsi entendre que la plupart des immigrants en Europe, et spécialement les demandeurs d'asile, seraient de jeunes hommes "qui essaient d'aller en Europe pour des raisons financières, afin d'obtenir de meilleures conditions de vie."
    Or cela est faux, et cela fait l'impasse sur la politique de non-accueil  qui rend de plus en plus dangereuse l'arrivée en Europe, même si cette vision des choses est abondamment propagée par toute l'extrême-droite européenne, relayée par la droite, et, donc, une partie de la gauche.
    Or les chiffres sont clairs sur les effets de cette politique de non-accueil  : https://commission.europa.eu/strategy-and-policy/priorities-2019-2024/promoting-our-european-way-life/statistics-migration-europe_fr#statistiques-europ%C3%A9ennes-sur-la-migration-et-lasile
    Pour la France :  quel est l'état des lieux de la demande d'asile en 2022 ?

En France, 131 254 demandes d'asile ont été formulées en 2022. La hausse est de 27% sur un an mais le nombre de demandes se rapproche de celui de 2019, avant la crise sanitaire. 56 000 demandes d’asile ont été acceptées, soit 42%.

    63% des demandeurs sont des hommes et quasiment un demandeur sur deux est célibataire ;
    15% des demandes proviennent de citoyens afghans. Pour la cinquième année consécutive, ce sont les ressortissants afghans qui ont le plus sollicité l’asile en France. Ils représentent 17 000 des 131 254 demandes déposées (+37% entre 2021 et 2022). Suivent les réfugiés du Bangladesh, de Turquie et de Géorgie, qui représentent chacun 7% du total des demandes. Les demandes d’asile en provenance de Russie ont bondi de 75% (avec 2 617 demandes).
    547 000 de demandeurs d'asile en France. En 2022, la barre du demi-million de réfugiés a été franchie. Le nombre de personnes sous protection de l'Ofpra est estimé au 31 décembre 2022 à 547 102 personnes.
https://www.vie-publique.fr/en-bref/290181-demandeurs-dasile-la-situation-en-france-et-dans-lue-en-2022

Il y a également un autre gros mensonge doublé d'hypocrisie au coeur des campagnes de l'extrême-droite que reprend complaisamment ce ministre "de gauche" lorsqu'il ose écrire sans état d'âme : 
"Les statistiques mettant en évidence un taux de criminalité élevé et un faible niveau d'emploi parmi les immigrés sont bien connues, et de nombreuses personnes ont le sentiment que leurs préoccupations concernant la radicalisation et la formation de ghettos ne sont pas prises au sérieux." (sic !)
Outre que de telles statistiques sont justement très discutées et interrogées quant à leur fiabilité et leur sens, quelles sont ces "nombreuses personnes" dont les préoccupations seraient ignorées, sinon les militants d'extrême-droite et leurs sympathisants abreuvés aux fake news et aux préjugés ?
Or une tribune dans ces mêmes pages "Idées" du même jour vient remettre à leur place ces fantasmes racistes.
En effet, nous apprend Louis Maurin, "le pourcentage de ceux qui estiment qu'il y a "trop d'immigrés" est en forte baisse". Cette tendance de fond va à l'encontre de la proposition du ministre danois tendant à radicaliser la politique européenne de non-accueil. Et c'est une bonne nouvelle qui ne peut que nous inciter à militer plus que jamais pour une politique d'accueil et d'hospitalité.