Nomadland : miroir de nos contradictions

Publié le par Henri LOURDOU

Nomadland : miroir de nos contradictions

Nomadland

film de Chloé ZHAO, 2021, Etats-Unis, 1h48mn.

 

Film très beau, notamment par les paysages étatsuniens de l'Ouest et du Nord-Ouest (du Nébrasaka à l'Arizona, mais on voit aussi l'Océan) qu'il nous montre. Histoire d'un deuil, qui est celui d'une veuve un peu âgée d'ouvrier d'une ville devenue morte suite à la fermeture de la mine qui la faisait vivre. Histoire d'une communauté de "voyageurs,"les "vandwellers", symbolisée par le personnage de Bob Wells : "Comme illustré dans Nomadland, Wells organise un rassemblement annuel pour la communauté des vandwellers. Appelé le Rubber Tramp Rendezvous, le RTR a lieu chaque janvier à Quartzsite, en Arizona. En 2019, 10000 habitants de fourgonnettes y ont participé. Comme pour la plupart des autres non-acteurs qui sont apparus dans Nomadland, Wells était l’une des nombreuses personnes que la journaliste Jessica Bruder a interviewées et a appris à connaître lors de l’écriture de 2017 Nomadland, le livre non romanesque sur lequel le long métrage est vaguement basé."https://www.japanfm.fr/nomadland-comment-lhistoire-de-la-vie-reelle-de-bob-wells-constitue-une-representation-calme-du-deuil/

Mais aussi, occasion de réfléchir sur le modèle social incarné par Amazon, dans un entrepôt géant duquel travaillent saisonnièrement tous ces "vandwellers" (habitants de fourgonettes) qui vont de petit boulot en petit boulot (restauration rapide, gardiennage et entretien de campings...).

Beaucoup de ces personnages auraient l'âge d'être à la retraite. Et le film entretient l'ambigüité : leur mode de vie est-il un vrai choix, appuyé sur le mythe historique des "pionniers", comme il est évoqué au passage, ou bien la conséquence d'un système de retraites au rabais qui ne leur permet pas de vivre décemment, comme il est également suggéré ?

Amazon est tellement bien adapté à ce type de main d'oeuvre qu'il lui loue l'emplacement avec les services associés pour installer ses vans.

Cette ambiguïté est au coeur d'une société consumériste, où les "nouveaux services" offerts aux uns, sont basés sur l'exploitation d'une main d'oeuvre précaire constituée par les autres. Ici la sobriété volontaire des uns entretient le consumérisme destructeur des autres dans une véritable schizophrénie sociale, phénomène qui n'est pas propre aux États-Unis, et devrait tous nous interroger.

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