A propos du NPA

Publié le par Henri LOURDOU

 

Un grand parti d'extrême-gauche est-il en gestation ?

Un intéressant sondage CSA-Sortie des urnes, paru dans "L'Humanité" du 24 avril 2007, montre le profond renouvellement de l'électorat Besancenot. En effet, malgré un score apparemment presqu'identique (le % masque en fait une progression importante en voix, puisque le corps électoral et la participation ont tous 2 augmenté), ce ne sont pas du tout les mêmes électeurs qui ont voté Besancenot en 2002 et en 2007.

En effet, les électeurs Besancenot 2002 se sont fortement dispersé :

41% d'entre eux ont voté Royal; 13% ont voté...Bayrou; 12% se sont réparti entre 5 autres candidats; et seulement 34% ont persisté dans le vote Besancenot.

Inversement, les électeurs Besancenot 2007 sont de provenances très diverses : ils viennent de tout l'échiquier politique (6% des électeurs de Le Pen, 7% des électeurs de Chirac, 3% des électeurs de Jospin, 8% des électeurs de Mamère, 6% des électeurs de Hue et 12% des électeurs de Laguiller) et de façon significative des abstentionnistes (10% de ceux qui ont voté en 2007). C'est donc un électorat volatil et, sans doute, faiblement politisé. La capacité de la LCR à fidéliser et politiser cet électorat est donc la clé de son avenir.


Cette analyse montre bien la force universelle du "vote utile". Malgré les apparences, la LCR n'y a pas échappé, et l'aptitude de son candidat à fédérer un vote protestataire tient davantage de ses capacités médiatiques que d'une vraie dynamique politique... Les cas d'Arlette Laguiller et de José Bové devraient faire réfléchir à la fragilité d'un tel phénomène.

(Analyse écrite fin avril 2007).

Les problèmes que va devoir affronter le NPA

Fin août 2008, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) est sur les rails. Une interview de la chercheuse en Sciences politiques Florence Joshua (« Le Monde » du 24-25 août) permet de confirmer et préciser l'analyse précédente.

L'étude qu'elle a conduite sur le renouvellement du visage militant de la LCR depuis 2002 permet de constater plusieurs choses :

-Un public rajeuni (près d'un quart de moins de 30 ans, et la moitié de moins de 40 ans) : ce qui constitue « une pyramide des âges inversée par rapport aux partis comme le PCF ou le PS »;

-Un public populaire (la catégorie « employé » fait presque jeu égal avec celle des « professeurs » : 25% contre 28%) et précarisé (part importante de CDD, intérim ou stage)

-Un public révolté, rejetant violemment la société actuelle et avant tout motivé par la justice sociale, avec des revendications concrètes de court terme (pouvoir d'achat, logement...)

-Un public sans culture ni formation politque avec un « horizon de militantisme assez court » et « des attentes extrêmement fortes d'efficacité immédiate ».

-Une vision très schématique et étroite du champ politique : haine du PS « accusé de ne plus être de gauche »; « quant au PCF et aux Verts, ils ne font pas partie de leur champ de vision ».


Conclusions : le NPA sera en fait considéré par eux comme un « supersyndicat ».

Ce sont les vieux militants trotskystes de la LCR qui devront gérer la façon dont les attentes ci-dessus évoquées vont pouvoir déboucher , avec deux débouchés possibles issus de la culture française la plus profonde :

-l'anarcho-syndicalisme qui reste compatible avec la culture de gauche

-le poujadisme qui, outre la dénonciation des élites, ajoute une dimension xénophobe voire nationaliste et antisémite, toutes trois incompatibles avec les valeurs de gauche.

La façon dont cela se passera ne peut nous laisser indifférents et nous ne pouvons nous contenter d'être spectateurs.

Il va falloir penser une tactique par rapport au NPA : présence dans les luttes et un discours clair qui barre le chemin à la dérive poujadiste. Rien ne serait plus désastreux que de laisser au NPA le monopole de la lutte sociale : c'est ainsi que le PCF a hégémonisé le terrain social dans les années 40 à 60 en stérilisant toute possibilité d'alternance à gauche pendant 20 ans.

Nous ne devons pas négliger cela.

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