Maria MONTESSORI Une précurseuse à redécouvrir

Publié le par Henri LOURDOU

Maria MONTESSORI Une précurseuse à redécouvrir

Léa TODOROV

La nouvelle femme

film français, 2024, 1h41.

Cristina DE STEFANO

Maria Montessori

La femme qui nous a appris

à faire confiance aux enfants

biographie, 2020, traduite de l'italien par Laura Brignon

Les Arènes, 2022, 380 p.

 

 

J'avais déjà entendu parler de Maria Montessori, et même lu un passionnant article sur son passage en Amérique dans une série d'été du "Monde", mais je ne la connaissais pas vraiment, ni le contenu de son oeuvre.

C'est le film de Léa TODOROV qui m'a cependant amené à m'y intéresser de plus près.

En choisissant de se concentrer sur un épisode de ses débuts, sa collaboration avec Giuseppe Montesano auprès des "enfants déficients" et la mise au point qu'elle fait d'une nouvelle pédagogie révolutionnaire, puis sa rupture avec lui lorsqu'il se marie avec une autre et reconnaît leur enfant commun (et caché), Léa TODOROV s'est sentie obligée de créer un personnage fictif, Lili d'Alengy, pour corser le propos et souligner le désintéressement scientifique de Maria.

Ce faisant, elle a occulté, ce qu'on découvre dans la rigoureuse biographie de DE STEFANO, la très bonne aptitude de celle-ci aux relations mondaines. Car Maria MONTESSORI est un personnage d'une grande et fascinante complexité.

Comment en effet cerner quelqu'un qui s'est montré tout à la fois une rationaliste positiviste, une militante féministe à tendance socialisante, une catholique convaincue, une femme d'affaires et une mère exclusive, une opportuniste politique (elle a collaboré pendant dix ans avec le régime fasciste de Mussolini)...et une défenseuse acharnée des intérêts de l'enfant ? La clé que nous propose Cristina DE STEFANO est celle d'une enfance choyée de fille unique par des parents très bienveillants et éclairés, d'une personnalité volontariste et charismatique, sans doute dotée de troubles du spectre autistique de par sa tendance très poussée à la méditation et au retrait en elle-même, à la brouille perpétuelle avec certains de ses adeptes, et en même temps au rayonnement indéniable de par sa sensibilité hors du commun et son empathie envers les enfants. En même temps, une capacité de travail exceptionnelle, des intuitions que l'on ne peut que qualifier de géniales, et une vision humaniste de l'avenir qui emporte l'adhésion mais n'a pas rencontré son public.

En effet, ses succès publics répétés n'ont pas eu de lendemains, et sa pédagogie a été édulcorée en raison de son coût excessif.

Il n'en reste pas moins qu'elle aura placé au centre de l'attention la nécessité de "décoloniser l'enfant" pour pouvoir un jour construire la paix entre les humains. Significativement, elle récuse l'expression "d'éducation à la paix" pour lui préférer celle "d'éducation en paix".

Une figure et une oeuvre donc à redécouvrir.

 

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