Ecologie scientifique contre écologie utopique ?
Ecologie scientifique contre écologie utopique ?
Dans AOC, revue en ligne à laquelle je suis abonné, un article stimulant de Philippe RAHM, professeur à l'école d'archi de Versailles, suggère un parallèle entre le "socialisme scientfique" de Marx et Engels, opposé à ce qu'ils baptisèrent le "socialisme utopique" (c'est-à-dire tous ceux et celles qui les précédèrent), et ce que nous vivrions aujourd'hui en matière d'écologie.
https://aoc.media/opinion/2023/01/18/ecologie-scientifique-et-ecologie-utopique/
Il y a bien là une intuition forte, mais sa formulation prête pour moi à confusion. Aussi je me permets de la reformuler à ma façon.
En effet, postuler comme le fait au départ l'auteur que JM Jancovici représenterait l'écologie scientifique passe bien rapidement sur les limites de sa "scientificité"
https://www.facebook.com/henri.lourdou/posts/6306632586037787
En réalité, si parmi les gens qui se réclament de l'écologie nous avons de longue date un certain nombre de personnages peu rationnels et plutôt délirants, dont le plus connu est Rudolf Steiner, et dont le récent épisode de Covid 19 a révélé la place dans la mouvance conspirationniste et confusionniste, nous avons en face de nombreux scientifiques critiques, parmi lesquels les premiers critiques radicaux du nucléaire, souvent issus d'ailleurs de la filière comme Yves Lenoir https://www.lisez.com/auteur/yves-lenoir/70185
ou d'autres scientifiques comme les climatologues engagés dans le Giec, mais aussi des hydro-géologues des agronomes, des spécialistes d'informatique ou de l'IA, tous lanceurs d'alerte dans leur spécialité, et tous reconnectés sur une vision globale écologiste donnant tout leur sens à leurs observations et découvertes.
L'écologie scientifique ne peut qu'être une écologie critique de la technoscience sous domination capitaliste, et donc ne saurait prétendre dicter LA solution à tous les problèmes de l'Humanité, comme le prétend implicitement un Jancovici.
Il y a des choix politiques à faire entre différentes options possibles sur des problèmes complexes, dont la complexité-même exige un débat démocratique approfondi. Dire que l'urgence commande tout nous mène tout droit à une dictature dont l'efficacité est terriblement problématique : elle serait plus sûrement productrice de chaos et de violence que des choix démocratiquement tranchés après débat.
Aussi, le choix de la rationalité et de la science doit impérativement s'articuler avec le choix du débat et de la démocratie, faute de quoi nous ne saurions construire aucun avenir écologiquement viable.
"La démocratie est la solution" (Ala al Aswani).