Prendre la mesure de l'urgence climatique

Publié le par Henri LOURDOU

Prendre la mesure de l'urgence climatique

 

Depuis le dernier rapport du Giec en 2019, les scientifiques continuent de travailler, et leurs constats doivent nous alerter sur l'augmentation de l'urgence climatique et sur le caractère de plus en plus incontournable d'une modification profonde de nos modes de vie pour y faire face.

Tout cela est fort bien résumé par l'interview du climatologue Christophe CASSOU par le magazine en ligne "Reporterre" le 27-3 :

https://reporterre.net/La-France-se-rechauffe-plus-vite-que-la-planete

 

En voici les extraits les plus significatifs à mes yeux :

"Les recherches internationales se sont penchées, entre autres, sur les vagues de chaleur qui ont frappé l’Europe ces cinq dernières années. En 2019, le record de température a été battu en France, avec 46 °C dans le Gard. Les résultats de ces recherches démontrent que la probabilité d’avoir ce niveau de température en France a été augmenté au minimum par dix en raison des activités humaines, via l’émission de gaz à effet de serre. Les mêmes méthodes d’analyse qui combinent la physique, la statistique et les mathématiques ont été utilisées pour expliquer les précipitations intenses sur le sud de la France, par exemple celles qui ont frappé la vallée de la Roya à l’automne 2020.

 

Aujourd’hui, on peut dire avec certitude que la probabilité que ces événements extrêmes se déclenchent devient particulièrement forte, alors qu’elle était très faible, à des niveaux de température préindustriels, c’est-à-dire vers 1850. La science avance vite sur le lien entre événements extrêmes et activités humaines.

 

(...)

D’abord, pour maintenir le réchauffement global à un niveau de température donnée, il faudra être plus ambitieux dans la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.

Ensuite, la date de franchissement du seuil de 1,5 °C, qui est au cœur de l’Accord de Paris, arrivera certainement dix ans plus tôt que celle qui avait été évaluée dans les précédents rapports du Giec. Ce seuil devrait être franchi au début de la décennie 2030.

(...)

Les chiffres de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont associés aux contraintes physiques du système climatique et ne sont pas d’ordre politique. Ces chiffres mis en regard des niveaux de réchauffement ne sont donc pas négociables. Les contraintes physiques du climat nous imposent la neutralité carbone aux horizons 2050-2060. Toute tonne de carbone supplémentaire contribuera à réchauffer le climat : il faut réduire vite et fort pour arriver à zéro.

 

Le niveau d’engagement actuel des États conduit à un réchauffement global de l’ordre de trois à quatre degrés d’ici 2060-2070. L’augmentation des vagues de chaleur et la hausse des précipitations extrêmes vont se poursuivre, d’autant que la France se réchauffe plus vite que la température globale. À titre illustratif, un réchauffement de trois à quatre degrés signifie que, statistiquement, un été sur deux en France se déroulera comme en 2003, dont on se rappelle les conséquences dévastatrices.

(...)

L’action la plus sage, c’est de diminuer dès maintenant les émissions de gaz à effet de serre, pour en pomper le moins possible si — au mieux quand — nous disposerons des technologies (de séquestration du carbone). Il y a des études très intéressantes faites sur la sobriété, qui aujourd’hui semble incontournable. La sobriété impose une évolution de nos modes de vie, de notre rapport au monde et du faire société. Personnellement, je suis convaincu que sans sobriété nous n’y arriverons pas, considérant l’ampleur des contraintes de réduction sur les gaz à effet de serre qui sont nécessaires pour limiter le réchauffement."

 

La question de la révision drastique de nos modes de vie doit donc être posée : elle remet en cause bien de nos habitudes et de nos aspirations. Inutile de se lamenter sur son caractère soi-disant "punitif" : la vraie punition nous l'aurons bien assez tôt (plus tôt que prévu si l'on en croit les scientifiques du climat).

Soyons très concret.

Cela signifie notamment  :

-Plus un seul voyage d'agrément en avion

-Diviser par deux ses déplacements en voiture en moyenne

-Consommation de flux vidéo divisé par 3 d'ici 2030

-Couvre feu thermique de 22h à 6h à 17°C

-Limitation de la consommation électrique à 3-4 kwh par jour par personne

-Pas plus d'1 kg de vêtements neufs par an par personne

-Passer de 90 à 25 kg par an de consommation de viande par personne en moyenne

-Mise en culture de toutes les terres cultivables

-Etc...

Tiré de https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/infographie-interdiction-d-acheter-une-voiture-neuve-ou-de-prendre-un-long-courrier-couvre-feu-thermique-quotas-sur-les-produits-importes-les-mesures-chocs-pour-rester-sous-1-5-c-146877.html

Post Scriptum : Les exemples ci-dessus sont donnés à titre illustratif. Le bureau d'études qui en est à l'origine début 2019 spécifie bien que ces préconisations lui semblent "irréalistes". Quand on voit les tempêtes de polémiques que suscitent les mesures toutes symboliques des nouvelles municipalités Vertes, on voit bien qu'on est en effet encore très loin du compte...

Il faudra encore bien des polémiques et de mises à l'épreuve par la réalité pour que la majorité de nos concitoyens se résolvent à renoncer aux délices de la consommation irresponsable.

 

Publié dans écologie

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