Notre Dame des Landes : lettre au Président de la République

Publié le par Henri LOURDOU

Tarbes le 27 janvier 2016

Monsieur le Président de la République

Palais de l'Elysée

55 rue du Faubourg Saint Honoré

75 008 PARIS

Monsieur le Président,

J'ai appris hier la décision du tribunal de Nantes d'autoriser l'expulsion des agriculteurs et habitants du site du projet d'aéroport de Notre Dame des Landes.

Cela m'a renvoyé à ce que j'ai déjà vécu en 1980 lorsque les derniers recours des paysans du Larzac contre leur expulsion avaient été épuisés.

Je suis né en 1954 à Mende (Lozère) dans une famille originaire par mon père de l'Hospitalet du Larzac.

J'ai signé ma première pétition à 17 ans à Rodez : c'était contre le projet d'extension du camp militaire du Larzac.

J'ai participé de 1971 à 1981 au comité Larzac de Toulouse où je poursuivais mes études.

Je n'oublierai jamais mes pleurs de joie le soir du 10 mai 1981 : j'ai alors su que le projet ne se ferait pas.

Monsieur le Président de la République,

j'ai voté pour vous en 2012 en pensant que vous alliez apporter à la France l'apaisement et des perspectives d'avenir.

C'est malheureusement sous votre quinquennat qu'un jeune manifestant pacifique, Rémi Fraisse, a été tué à Sivens le 25 octobre 2014.

C'est malheureusement sous votre quinquennat qu'une politque de division de la gauche et des écologistes qui vous ont amené au pouvoir, est systématiquement menée par un Premier ministre qui vous amène dans le mur.

Quelle incohérence, un mois à peine après la Cop 21, que de laisser mener à son terme un projet contraire à toute orientation vers une économie décarbonée ! Et ceci alors que son abandon marquerait un signal symbolique fort pour une réorientation de notre économie dans cette direction !

Il paraît qu'on appelle "triangulation" cette technique utilisée par votre Premier ministre en tous domaines. C'était aussi celle utilisée par Nicolas Sarkozy.

Elle ne mène dans un cas comme dans l'autre qu'à la division accrue et à la désorientation politique du pays. Elle ne profite qu'à une extrême-droite conquérante.

Monsieur le Président de la République,

il est encore temps de sauver votre quinquennat du naufrage, et la gauche et les écologistes du désespoir.

J'ai peur que l'obstination coupable dans ce dossier (et à Calais : à quand la dénonciation et la renégociation du traité du Touquet ?) n'amène un nouveau Rémi Fraisse.

J'ai trois enfants de 28,26 et 23 ans : tous trois en fin d'études ou en recherche d'emploi. Ils sont dans la mouvance écolo-féministe. Non-violents convaincus comme moi. Mais révoltés comme moi par l'état du monde et le cours suivi par notre pays.

J'ai également un frère ouvrier, séduit par les sirènes de l'extrême-droite. Il ne votera jamais pour vous, quoi que vous fassiez.

Epargnez mes enfants, Monsieur le Président, et cessez de "trianguler" dans le vide.

Redonnez-nous de l'espoir. Et souvenez-vous du meilleur de François Mitterrand : la suppression de la peine de mort et l'abandon des projet du Larzac et de Plogoff, contre l'opinion majoritaire.

J'attends avec espoir votre décision.

Salutations respectueuses.

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