Je suis Gaïa, Isaac ASIMOV Le cycle de Fondation et la conscience planétaire

Publié le par Henri LOURDOU

Fondation et interdépendance

Fondation et interdépendance

Je suis Gaïa
Isaac ASIMOV Le cycle de Fondation
et la conscience planétaire

 

J'ai découvert le cycle de "Fondation" lors de ma "période SF" entre 16 et 30 ans, donc dans les années 70-80.

A l'époque donc où, dans la lancée de 68, se développait une néo-SF très critique par rapport à la société existante.

Pour moi deux titres incarnent ce courant annonciateur de l'écologie : "Soleil vert" de Harry Harrison (paru en 1966 et traduit en français en 1974) et "Tous à Zanzibar" de John Brunner, paru en 1968, et traduit en 1972. Ces deux titres mettaient en effet en cause le caractère destructeur d'une humanité en expansion démographique rapide, et ses effets négatifs.

De son côté, Philip K.Dick éveillait notre méfiance par rapport aux technologies de surveillance pénétrant le cerveau humain. Et j'avais déjà lu "1984" de Georges Orwell (paru en 1950), et "Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley (paru en 1932)...

Isaac Asimov, lui, n'apparaît pas contrairement aux précédents, comme un contestataire radical. Scientifique, inventeur des fameuses "lois de la robotique", il apparaît, au contraire, de prime abord, comme un auteur de "SF à l'ancienne", naïvement scientiste et béatement progressiste.

Et pourtant, bien que suspect à ce titre à mes yeux, la lecture de son cycle de "Fondation" m'a été suggérée par un auteur critique dont le jugement m'importait. Il s'agit d'Edgar MORIN qui y fait allusion dans son "Pour sortir du XX e siècle" en 1981. Ce qui m'a poussé à aller voir.

A vrai dire, je n'ai pas alors poussé ma lecture au-delà du premier tome, intitulé "Fondation", me semble-t-il.

Et ce n'est que récemment que, ayant trouvé dans la bibliothèque de mon fils Adrien l'intégrale du cycle, y compris les deux "préquels" parus en dernier, "Prélude à Fondation" (1988) et "L'aube de Fondation" (1993), j'ai dévoré les sept tomes (les 2 premiers parus en "Pocket-SF", les 5 autres en "Folio-SF").

Et quand je dis "dévoré", ce n'est pas un vain mot, tant j'ai été fasciné par la puissance imaginative, le sens du récit, et l'ampleur de la réflexion dont ils témoignent.

 

Gaïa et la conscience planétaire

 

Et c'est donc dans les deux derniers tomes, "Fondation foudroyée" (1982) et "Terre et Fondation" (1986), que j'ai découvert cette notion de "conscience planétaire" à travers la planète Gaïa, où tous les êtres vivants et même les éléments inertes sont en interconnexion permanente pour garantir à la planète un équilibre harmonieux constant.

Ce "mythe écologique" est, on le sait, inspiré de théories qualifiées d'"écologie profonde" ou "radicale", et généralement condamnées au nom de "l'humanisme" et du "libre arbitre".

Elles n'en posent pas moins, et Asimov aussi, au moyen de la fiction, un problème réel qu'il nous faut aujourd'hui affronter sans faux-fuyants : celui de notre responsabilité planétaire et de notre interdépendance avec l'ensemble du vivant et des éléments.

De même que Copernic a établi que le Soleil ne tournait pas autour de la Terre, nous sommes en train de prendre conscience que l'Homme n'est pas le centre, le maître et possesseur sans lois ni limites, de la planète. Que les autres êtes vivants sont doués de sensibilité, de conscience et doivent donc bénéficier de droits.

Et que cela seul peut nous aider à ne pas détruire ce qui fait le prix de nos existences : notre interdépendance avec un monde complexe que notre acharnement à tout simplifier peut réduire à de la laideur, uniforme et monotone.

Voilà pourquoi nous devons nous dire : "Je suis Gaïa". Et agir en conséquence...

Publié dans écologie

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