A propos de l'Unef et des réunions non-mixtes

Publié le par Henri LOURDOU

A propos de l'Unef et des réunions non-mixtes

A propos de l'Unef et des réunions non-mixtes.

 

Comme l'écrit Marie-Noëlle Thibault, ancienne militante CFDT des années 70, dans "Le Monde" daté 26 mars 2021, il y a quelque chose de terrifiant dans le déferlement de haine qui s'est exprimé à propos des réunions non mixtes de personnes racisées organisées en interne par le syndicat étudiant Unef.

Tout ce qui concerne aujourd'hui la race suscite les mêmes réactions exacerbées que ce qui concernait les femmes au début des années 70.

Et c'est l'occasion, comme elle le fait, de rappeler d'où on vient en matière d'impunité des violences racistes.

Cette impunité n'est plus aujourd'hui de mise, comme ne l'a plus été celle des viols dans les années 70-80, à la suite de la première vague féministe.

La différence, entre féminisme et antiracisme est-elle si nette que certains le prétendent ?

Il y aurait un substrat biologique à l'identité féminine qui n'existe pas dans le cas de la race. La réalité n'est pas aussi nette : dans l'un et l'autre cas, il y a bien un continuum de réalités biologiques individuelles dont la polarisation en deux catégories (homme/femme; blanc/non blanc) est une construction sociale-historique évolutive.

La question de l'identité est une question qui ne peut se réduire à des alternatives binaires et a priori, fondée sur une supposée "nature" intangible. C'est bien par la parole socialisée que se construit une identité individuelle qui inclut de multiples dimensions.

Parmi ces dimensions, il en est qui s'accompagnent de discriminations et de violences subies.

Pour les combattre, la prise de parole collective des discriminés est un outil qui peut et doit être utilisé. Il ne peut l'être, notamment au début des prises de conscience, que par des réunions non-mixtes. C'est ce qu'a montré le mouvement des femmes. C'est ce que souhaite expérimenter le mouvement antiraciste qui prend en compte aujourd'hui le traumatisme colonial et ses séquelles.

Que cela puisse entraîner des dérives c'est bien évident. Surenchère, enfermement victimaire, certes. Mais ces scories encore une fois ne sauraient faire oublier l'essentiel : l'existence d'un racisme postcolonial dont il faudra bien finir par se débarrasser.

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