Face au triomphe du sarkozisme -octobre 2007

Publié le par Henri LOURDOU

 
Les valeurs d’une alternative majoritaire

au sarkozisme :


Dans les semaines, les mois et les années qui viennent, il va être nécessaire de bien distinguer l’essentiel de l’accessoire.

La période ouverte par la victoire électorale de Nicolas SARKOZY en mai 2007 rebat les cartes du jeu politique.

En particulier, la division de la Gauche entre un courant dit « anti-libéral » et un courant dit « social-libéral » relève à présent de l’accessoire et nous masquerait l’essentiel : la profonde opposition entre les valeurs de la Gauche et celles du camp présidentiel.

Sarkozy a triomphé en décomplexant la Droite et en assumant les valeurs de son camp. Il serait dramatique que la Gauche ne retrouve pas ce qui forme son fonds commun et peut lui assurer la dynamique unitaire nécessaire pour redevenir majoritaire.

Trois valeurs fondent l’unité potentiellement majoritaire de la Gauche, elles sont structurées par une 4e qui en est la colonne vertébrale.

Tout d’abord, la justice sociale. En définissant son « paquet fiscal », puis son plan de redressement de l’Assurance Maladie, la Droite a montré clairement que cette valeur n’était pas pour elle une priorité : faire payer les pauvres et exonérer les riches ne lui pose pas de problème particulier. Autre est le souci de tous les gens de Gauche : c’est une valeur commune à cultiver.

Ensuite la défense et l’extension des libertés individuelles. Le scandaleux amendement Mariani sur les tests ADN en cas de regroupement familial pose entre autre ce conflit de valeur : est-on libre de mener une vie familiale indépendante des liens du sang ? Plus largement, la lutte contre l’insécurité peut-elle justifier l’atteinte aux droits fondamentaux de la personne ? En particulier, l’indépendance de la presse et de la justice doivent-elles être préservées et garanties ?

Enfin l’ouverture aux autres et l’entente entre les peuples. Ce qu’on appelait autrefois l’internationalisme et qui s’oppose à la logique de la peur et du nationalisme présidant aux choix politiques de la majorité actuelle, tant en matière d’immigration que de diplomatie.

Ces 3 valeurs fondamentales sont structurées par une 4e valeur qui en garantit la cohérence : la supériorité de l’intérêt général sur les intérêts particuliers. Cette foi dans l’intérêt général prend chez les écologistes un aspect particulier : elle s’étend en effet pour eux aux intérêts des générations futures. A ce titre l’écologie enrichit la culture de Gauche d’une dimension supplémentaire.

Si l’on part de ce fil conducteur, on peut construire une unité qui ne soit pas factice. Cela suppose de remettre les débats internes à la Gauche à leur juste place : l’opposition entre « anti-libéraux » et « socio-libéraux » en particulier n’a pas l’importance que certains lui prêtent. Cette opposition, montée en épingle depuis décembre 1995, n’a eu pour fonction que d’occulter certains débats en passant sous silence le bilan nécessaire de l’expérience des régimes de type soviétique.

Il doit être clair pour toute la Gauche que l’alternative à l’ultra-libéralisme économique n’est pas l’économie étatisée, mais la régulation mondiale des marchés : autrement dit, non la mort de l’OMC mais l’adjonction à son corpus juridique des normes sociales de l’OIT et des normes environnementales à définir dans une future OME ; non la mort de l’Union Européenne, mais l’adjonction à son droit communautaire d’une définition européenne du service public, et la création d’un impôt européen permettant de vrais politiques de solidarité européenne.


Il doit être tout aussi clair que les régimes à parti unique sont partout et toujours condamnables, au nom-même des valeurs communes de la Gauche.


Garder en tête et approfondir le contenu de ces valeurs doit être notre souci principal : c’est en le faisant que nous saurons confronter utilement nos différences d’approche pour construire et enrichir un projet commun.




Le 12 octobre 2007.

Publié dans politique

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