Fenimore Cooper "Le roman de Bas-de-Cuir"

Publié le par Henri LOURDOU

 

J.Fenimore COOPER "Le roman de Bas-de-Cuir"

(Omnibus-Presses de la Cité, 1989, 1650 pages).

 

Regroupés dans l'ordre de la vie du personnage, ces 5 romans, dont le plus connu est "Le dernier des Mohicans", constituent à la fois une toile de fonds de l'Histoire des Etats-Unis d'Amérique entre 1740 et 1806, et le portrait d'un héros idéal-typique de l'Américain des premiers temps, Nathaniel Bumppo, alias le Tueur de Daims, Oeil-de-Faucon, Bas-de-Cuir, la Longue Carabine, l'Eclaireur (Pathfinder) ou le vieux Trappeur.

Comme nous le rappelle Claude Aziza dans sa présentation, J.Fenimore COOPER (1789-1851), né à Burlington (New Jersey) est le fils d'un juge et gentleman-farmer qui a fondé la ville de Cooperstown au bord du lac Otsego, lui-même grand propriétaire terrien par la grâce d'un riche mariage. Il fait donc partie de cette aristocratie foncière hostile au morcellement des terres en faveur des nouveaux arrivants européens.

Sa défense des Indiens et de la nature sauvage n'est donc pas totalement désintéressée.

Et pourtant, le recul du temps en fait un véritable précurseur de l'écologie.

 

Je ne peux sans émotion me référer à ma découverte, adolescent, du "Dernier des Mohicans", et m'aperçois qu'il constitue en réalité un des livres qui m'a le plus marqué; et la lecture en continu des 5 romans me permet de tracer un portrait achevé du personnage qui en constitue le fil conducteur.

Commencées sur les rives de l'Hudson, avec "Le Tueur de Daims"(1841), ses aventures s'achèvent dans les Grandes Plaines au-delà du Mississipi, avec "La Prairie"(1827).

Entre-temps, Bas-de-Cuir, né au bord du Grand Lac Salé (l'Atlantique), s'est sans cesse déplacé vers l'Ouest, pour fuir l'avancée de la colonisation, et vivre de sa chasse dans "les déserts", loin des "établissements" et de la rapace avidité destructrice de ses congénères à Peau Blanche, symbolisée par l'abattage systématique des grands arbres de la forêt primaire.

Il ne renie pourtant jamais ses origines et sa qualité de chrétien, instruit au sein du peuple des Delawares, parmi lequel il a grandi, par les "frères moraves" (disciples de Jean Huss ?) qui ont converti ce peuple (en surface du moins, comme le montre la mort de son meilleur ami, Chingagchook, le Grand Serpent, dernier des Mohicans, dans "Les Pionniers" (1823), premier roman de la série, mais avant-dernier du cycle).

"Bas-de-Cuir" est analphabète, mais sa longue observation de la nature et des hommes, la fermeté de ses principes et sa nature franche et naïve nous valent de longs développements sur les méfaits de la civilisation occidentale et les bienfaits d'une vie naturelle et frugale.

La description des Indiens n'échappe pas aux clichés, préjugés et stéréotypes, auxquels d'ailleurs les autres personnages Blancs n'échappent pas (les femmes en particulier...).

Et pourtant, il s'en dégage un peinture assez riche pour captiver l'attention, car Cooper a fait l'effort de se documenter.

L'autre aspect remarquable à mes yeux est la description de la nature (paysages, climat) elle aussi très fouillée et souvent grandiose.

Ces deux aspects suffisent à faire passer des aventures guerrières et sentimentales très conventionnelles.

Au total, j'ai pris conscience à cette lecture de l'importance de ma découverte, adolescent, de ces livres ("Le dernier des Mohicans" en premier, bien sûr), dans la formation de ma sensibilité : respect de la Nature, goût de l'authenticité et relativisme culturel ont puisé là sans doute une de leurs sources.

Publié dans Histoire, écologie

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