Le cas Cohn-Bendit (2)
COHN-BENDIT VERT DE DROITE ?
Patatras ! Il fallait bien que ça arrive : la lecture du « Monde » daté de samedi 23-5 page 8 va faire grincer bien des dents.
Dans un petit pavé en gras intiulé « Les conseils de M.Cohn-Bendit aux Verdi italiens », la journaliste du « Monde » Sylvia Zappi cite le début d'un article du « Corriere della Sera » du 21 avril dernier : « Les Verdi continuent à regarder seulement du côté de la gauche. Mais ils doivent se rendre compte que, pour au moins 4 ans, elle ne sera pas au pouvoir. Et entre-temps ? La transversalité est utile. Si on veut être influents il faut regarder toute la société. » Grazia Francescato, la porte-parole des Verdi, tente de s'opposer : « Mais Daniel, tu sais quelle droite nous avons en Italie ? » M.Cohn-Bendit répond : « Et la gauche italienne alors ? » Puis continue : « Les Verdi ont un train de retard parce qu'ils ont peur d'être aspirés par Berlusconi. Il faut se risquer, se mélanger, on ne peut pas rester toujours du même côté. »
Point final... Et sans commentaire !
Dire que ces déclarations nous arrangent serait exagéré. Elles ne sont pas bien sûr citées innocemment et à n'importe quel moment. Il aurait aussi mieux valu qu'elles n'aient pas été prononcées...
Donc contextualisons-les au moins pour éviter les fausses interprétations dans nos propres rangs.
La suite de l'article (que j'ai recherché) dit : Cohn-Bendit continue en disant : « Il y a aussi besoin d'être crédibles : quand les Verdi passent d'un leader à l'autre et que le parti disparaît avec lui, il est évident que les gens n'ont plus confiance ».
Mais Victor Cogliati Dezza, président de Legambiente (l'équivalent italien de FNE), est pour ouvrir les portes : « Souvent nous travaillons beaucoup mieux localement avec les élus du centre-droit qu'avec la gauche ». Grazia Francescato approuve, mais jusqu'à un certain point : « Cela restera vrai. Mais si nous devons choisir entre la gauche et la droite de Berlusconi, Utri et Carfagna, je n'ai aucun doute. »
Ensuite elle évoque ses souvenirs lorsqu'elle était au PCI de Berlinguer et que la gauche considérait écologie et féminisme comme des thèmes petit-bourgeois.
Puis il est question des négociations non abouties avec le PD (héritier lointain du PCI) et de la décison des Verdi de se présenter aux européennes sous l'étiquette « Gauche et liberté- parti de la Révolution verte ».
Enfin on revient au problème posé précédemment : « Sur les thèmes énergétiques, dit Francescato, l'Italie est en dessous de tout ». Cohn-Bendit est préoccupé : « Si l'Italie freine, comme elle l'a fait sur le réchauffement global, elle nous plombe tous. »
Là est à mon avis la clé de la prise de position initiale de Cohn-Bendit : comment amener le gouvernement italien à ne pas s'opposer à une prise de position européenne à la hauteur des enjeux lors du sommet de Copenhague ?
La réponse qu'il propose est maladroite, mais la question demeure. La nécessaire mobilisation de la société sur un enjeu de cette importance transcende les clivages droite-gauche. Autrement dit nous devons tous être capables d'amener des électeurs de droite sur ce terrain. Ce qui n'est pas la même chose que les dirigeants des partis, en tout cas pas de la même façon.
Henri LOURDOU, secrétaire des Verts Hautes-Pyrénées, le 24-5-09.