Avec José Bové

Publié le par Henri LOURDOU

Intervention au meeting Europe écologie du 12-5 à Tarbes


Nathalie vient de vous présenter la naissance du comité  local Europe écologie. Avant de céder la parole à nos invités, je voudrais ajouter un mot pour dire au nom du groupe local des Verts, dont, comme vous savez, je suis le secrétaire, à quel point la présence de José Bové ici me semble naturelle.

Je ferai appel, si vous le permettez, à quelques souvenirs personnels.

La première manifestation de ma vie, je l'ai faite le 6 ou le 9 mai 1971 à Millau. C'était à l'appel du MDPL et nous avions prolongé le défilé par un rassemblement à La Cavalerie à l'entrée du camp militaire. C'était pour protester contre le projet d'extension du camp du Larzac de 3000 à 17 000 ha.

Je vous épargnerai la suite qui est bien connue. Et j'arriverai directement à juin 1981. C'est à Toulouse que je suis passé en procès pour la première fois de ma vie, avec quelques autres, pour le renvoi de mon livret militaire en solidarité avec les paysans du Larzac menacés d'expulsion par l'armée.

Entre ces 2 dates, 10 ans de lutte et d'activité au sein du Comité Larzac de Toulouse dont je fus l'un des militants.

Cette lutte m'a appris 3 choses qui sont aujourd'hui au coeur de la dynamique et du projet d' « Europe écologie ».

-La première est qu'il faut savoir travailler avec des gens différents, qui ne pensent pas comme vous. Le mouvement du Larzac s'est créé autour de paysans catholiques et qui votaient à droite : nous étions des gauchistes laïques et nous avons dû nous entendre avec des cathos non-violents, des occitanistes, des écologistes, des industriels de Roquefort, etc.. Et de cette improbable alliance sont nés non seulement un mouvement qui a tenu 10 ans, mais des remises en cause de part et d'autre. Je suis comme d'autres devenu un écologiste non-violent et réformiste...et les paysans du Larzac se sont mis à voter à gauche !

-La 2e leçon du Larzac est qu'un mouvement de la société civile ne peut aboutir sans débouché institutionnel et politique. Sans la victoire électorale de François Mitterrand le 10 mai 1981, l'extension du camp militaire aurait fini par se faire. Car le mouvement de soutien s'étiolait peu à peu : pour le dernier meeting de soutien organisé à Toulouse en novembre 80, nous n'étions plus que 3 à coller les affiches...et nous avons eu du mal à remplir la salle.

-La 3e leçon est que grâce à ce débouché institutionnel et à cette unité du mouvement, on a pu passer du négatif au positif. Une vraie dynamique de développement local est née sur le Larzac. Qui aurait imaginé en 1971 que le village abandonné de Montredon connaîtrait une nouvelle vie ?



Ces 3 leçons sont aujourd'hui au coeur de la dynamique politique que nous voulons créer avec Europe écologie :

Rassembler des gens qui pensent différemment, notamment sur les traités européens, c'est possible et c'est nécessaire quand l'enjeu est de sauver la planète.

Trouver un débouché institutionnel c'est possible et c'est nécessaire en se rassemblant pour créer une majorité autour du candidat anti-Barroso à la présidence de la Commission européenne.

Avoir une politique européenne pour sortir de la triple crise financière, sociale et environnementale, en inventant un nouveau modèle de développement, c'est possible et c'est nécessaire si nous avons su auparavant nous rassembler et trouver un débouché poltique à ce rassemblement.


Et c'est ce que vont à présent vous démontrer nos invités.

Publié dans Europe

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