Réguler l'immigration...ou accompagner la migration ?
Jean-Marc Denjean, qui a beaucoup d'idées sur beaucoup de choses, propose dans la liste de discussion de Faire Gagner l'Écologie, courant pragmatique-réaliste des Écologistes, auquel j'appartiens, un texte intitulé "Sur la question de l'immigration".
Malheureusement, il reste prisonnier du paradigme qui a amené la gauche, dans toutes ses composantes, à alimenter d'un zéphyr plus ou moins humaniste les moulins à prière de l'extrême-droite.
Ce paradigme, quel est-il ? Il est de considérer que l'immigration actuelle serait régulable, et que la différence entre l'extrême-droite et nous ne porterait que sur le niveau et les modalités de la régulation.
Or, ainsi que l'avait, le premier à ma connaissance, formulé Umberto Eco, dès 1997, nous avons affaire, aujourd'hui en Occident, non à une immigration modulable à loisir, mais à une migration historique et irrésistible qu'il s'agit d'accompagner ou non, en la prenant en compte telle qu'elle est, ou en la déniant de façon aveugle.
Tous les discours sur la régulation, quels qu'ils soient, participent de ce déni.
En refusant la réalité d'un mouvement migratoire provoqué mécaniquement par le double gap démographique et économique entre le Nord des pays riches et le Sud des pays pauvres et émergents, on refuse une évidence tellement aveuglante qu'elle provoque en effet un déni généralisé dans toute la classe politique ou presque de nos pays du Nord.
La réalité de la migration n'est portée que par le monde associatif de l'accueil. Il faudra faire le calcul, et sans doute des chercheurs du futur le feront, de la délinquance et des crimes évités par le travail de ces associations. Alors que le déni des soi-disant "régulateurs" ne fait qu'alimenter les trafics (passeurs, marchands de sommeil, exploiteurs de main d'oeuvre, crime organisé...) sur fond de refus d'accueil et de titres de séjour.
Il n'y a pas de moyen terme possible : soit on accompagne le mouvement en donnant à tous les exilés les visas et titres de séjour et moyens d'intégration nécessaires, soit on continuera d'alimenter la xénophobie et le racisme par des demi-mesures sans effet.