Etat des lieux et perspectives de nos forêts
Projection introductive d'une vidéo de Marie TOUSSAINT, eurodéputée : Elle nous alerte sur l'édulcoration de la Directive européenne sur la déforestation importée, suite au lobbying des pays visés (Brésil, Indonésie, Philippines...). L'objet de la Directive était de faire passer la protection de la forêt avant l'usage, notamment énergétique, des forêts au nom de la promotion des ENR (Énergies Renouvelables). Concernant la France, son gouvernement avait fait introduire des "clauses coloniales" en faisant exonérer ses territoires d'Outre-Mer de toute régulation de la déforestation importée. De plus le gouvernement a refusé de transcrire en droit français le calcul du bilan carbone des forêts.
Suivent les interventions des 5 intervenants présents : Frédéric GRUET (Commission nationale biodiversité et nature des Écologistes), Solal (Collectif Pyrénées Forêts Vivantes (PFV) de Nouvelle Aquitaine), Sébastien CHUNG (Asso Touche Pas à Ma Forêt (TPMF), 65), Daniel PONS (TPMF et retraité ONF et syndicaliste Solidaires, 31), Victoria KLOTZ (FNE 65).
État des lieux
Petit historique de la forêt en France par Frédéric :
25 M ha de forêt lors de conquête des Gaules par César (1er siècle avant JC). Suit une période de défrichement durant tout l'Empire romain jusqu'au 5e siècle (construction navale, bois-énergie...); durant tout le Moyen Âge, la situation d'améliore puis le défrichement à usage agricole reprend. En 1667, Colbert prend les premières mesures de gestion nationale de la forêt à travers un Code. Le couvert forestier est alors à 17 M ha.
La Révolution française constitue une rupture à travers la privatisation générale de la gestion forestière, qui entraîne, avec la révolution industrielle, une déforestation accélérée jusqu'en 1880 : 8 M ha de couvert forestier, et une grave crise érosive dans les massifs montagneux. D'où des incitations à la replantation.
Aujourd'hui le couvert forestier est de 17 M ha comme en 1669, mais avec une forêt qualitativement très différente. Axée sur une exploitation industrielle et mono-essence.
Or le rapport Nexus (IPBES+Giec) de 2024 nous alerte sur l'importance d'une gestion systémique de la forêt, totalement contraire à la politique en vigueur en France (plan post-Covid encourage encore à des plantations mono-essence à vocation industrielle -Pin Douglas notamment) qui amène à une forêt émettrice nette de CO2.
En résumé pour la France : on est au top sur la quantité d'arbres, mais par contre sur la qualité c'est catastrophique.
Perspectives
Solal pour FVP illustre cette conclusion : Le colectif PFV (67 asso) s'est constitué contre les nouveaux usages industriels du bois par rapport à trois projets locaux qui entraîneraient une multiplication par deux des coupes, avec un bilan carbone catastrophique.
Cela a amené le collectif à distinguer 3 usages différents des forêts :
-Les laisser tranquilles : intérêt arriver à un équilibre des écosystèmes
-Prélever du bois-matériau : intérêt maîtrise des besoins et bilan carbone positif
-Prélever du bois-énergie : inconvénient besoins exponentiels et bilan carbone négatif.
Les trois projets (Bio-Char, Echo et Nacre) relèvent du 3e usage. Seul le 3e est actuellement bien avancé, les deux premiers patinent pour différentes raisons, dont la mobilisation associative.
Victoria pour FNE 65 expose les préconisations de FNE Midi-Pyrénées par rapport aux collectivités locales concernant la gestion des forêts. L'intérêt étant que dans les Pyrénées 50% de la forêt est publique, dont 33% de forêts communales.
Globalement le réchauffement du massif pyrénéen a été de +1,2° de 1949 à 2010. Il y a donc une action à avoir au niveau communal pour s'adapter à ce réchauffement global.
Les préconisations sont :
-Privilégier la régénération naturelle
-Constituer des forêts mixtes en choisissant soigneusement les essences replantées et leurs associations
-Prévoir et préserver des ilôts de sénescence
-Intégrer les trames vertes et bleues, en associant forêts et zones humides.
Le rôle des maires et conseillers municpaux est déterminant sur le choix de tels principes de gestion et leur surveillance.
Daniel pour TPMF insiste sur le rôle d'éducation populaire des associations par rapport aux élus et à la population sur la forêt. C'est le rôle que s'est donnée TPMF, avec par exemple une "fête de la forêt" ici-même à Nestier samedi prochain.
Les intervenants répondent ensuite aux questions de la salle.
Elles portent sur la question du bilan carbone négatif actuel de la forêt française : la réponse est que tout dépend en fait de la fréquence des coupes et de l'usage du bois . La politique actuelle étant de faire des coupes fréquentes et de privilégier le bois-énergie, cela aboutit à un bilan négatif en raison du temps trop court de reconstitution de la forêt et du dégagement de CO2 par l'usage énergétique. L'ONF restant sur ce schéma, les communes doivent avoir une action volontariste par rapport aux plans de gestion proposés par cet organisme. Il convient donc d'informer et d'associer la population aux décisions sur ce sujet.
Concernant l'usage du bois-énergie par les particuliers, il convient de relativiser son impact, sans commune mesure avec les usages industriels. La préconisation énergétique aux particuliers doit cependant préconiser l'isolation en premier, puis l'usage de pompe à chaleur.
Concernant l'adaptation de la forêt au réchauffement : observer d'abord, et surtout ne pas négliger les capacités d'auto-adaptation (migration des espèces.
En conclusion : comment agir ?
D'abord au niveau local en renforçant les associations et en renouvelant les élus locaux, notamment en raison de leur présence dans les commissions départementales en lien avec la protection de l'environnement.
Ensuite au niveau national en poussant la loi forêt, travaillée de façon transpartisane, et actuellement en stand by pour raison d'instabilité gouvernementale...
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