2027 : tragédie annoncée ?
Malheureusement les signes s’accumulent d’une mise en place difficilement réversible de la mise en scène de cette tragédie. Celle de « la guerre des deux gauches irréconciliables » qui mène, comme on en a malheureusement la quasi-certitude, à une nette victoire de l’extrême-droite ou à une reconduction d’une absence de majorité claire pour orienter l’avenir du pays.
Les deux derniers en date sont, pour le premier, l’annonce par Pascal Canfin, ex-écologiste devenu eurodéputé centriste, d’un « dispositif inédit » de construction de consensus au sein de ce qu’il baptise « l’arc progressiste », dans lequel il inclut Gabriel Attal, Elisabeth Borne, Raphaël Glucksmann, Nicolas Mayer-Rossignol, Laurent Berger, et auquel il voudrait ajouter Olivier Faure...sans aller jusqu’à ses anciens camarades des Écologistes, sans doute trop sulfureux.
Et l’on comprend pourquoi à l’énoncé des sujets de débat qu’il propose dans cette entrevue au « Monde » daté 2-7 : la mise en place de fonds de pension, la fiscalité du capital, l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans, l’amélioration des conditions d’emploi des auxiliaires de vie ou des magsiniers d’entrepôts logistiques, voire une discussion sur l’identité de la France.
Sans vouloir ironiser, on se demande de quel récit structuré sur les enjeux centraux et l’avenir du pays de telles « conférences de consensus » peuvent accoucher…
L’absence totale des enjeux environnementaux, devenus de plus en plus urgents, obère totalement l’intérêt de cette entreprise. De toute évidence, Pascal Canfin ne se souvient plus qu’il a été un jour écologiste.
Par contre, il s’avère qu’il a néanmoins un but : délimiter un espace politique fracturant la gauche en posant deux bornes à son projet : à droite LR, et à gauche LFI, présentés comme deux repoussoirs absolus.
Et force est de reconnaître que ce but semble atteignable, si l’on se tourne vers le second signe récent : le semi-échec de l’initiative de Lucie Castets le 2 juillet dans l’optique de définir les conditions d’une candidature unique de la gauche et des écologistes en 2027. L’absence de LFI , de Place Publique, le parti de Raphaël Glucksmann (et accessoirement du PCF) rend les perspectives plus incertaines. Ici s’impose le constat du rôle destructeur de Jean-Luc Mélenchon et de son obsession présidentielle, voire présidentialiste, et de Raphaël Glucksmann.
La stratégie de victimisation mise en place à la suite de la parution du livre « La meute », documentant la gestion verticaliste, sectaire et paranoïaque dudit Mélenchon a fonctionné à plein. Elle s’accompagne de la désignation de cibles expiatoires : un concurrent-ennemi, Raphaël Glucksmann, dont le (relatif) succès aux européennes est impardonnable, et des traîtres, dont le discours unitaire fait la part trop belle à cet ennemi, Ruffin, Autain, Corbière, Garrido, Simonnet.
Tandis que Raphaël Glucksmann utilise de fait les mêmes ficelles de façon plus soft, mais tout aussi efficace, en utilisant les attaques outrancières menées contre lui à l’occasion des européennes, et en s’appuyant sur la diabolisation médiatique de LFI et sur la minorité anti-Faure du PS pour taxer tous les partisans de l’unité de compromission avec le diable.
Ainsi, le décor de la « guerre des deux gauches irréconciliables » est dressé.
Saurons-nous empêcher le déroulement de la pièce ? Pour cela, nous électeurs et électrices de gauche et écologistes, ne devrons pas céder à la tentation du dégoût et du découragement. Notre patience va être mise à dure épreuve !