Pour bien combattre la haine raciste

Publié le par Henri LOURDOU

Pour bien combattre la haine raciste,
s'attaquer d'abord à ses causes.

 

 

Saluons tout d'abord un appel récent de personnalités, suite au dernier meurtre raciste particulièrement abject de Hichem Miraoui , ce paisible coiffeur sans papiers, à Puget sur Argens :

https://www.nouvelobs.com/societe/20250611.OBS104830/toute-parole-de-haine-raciste-porte-en-elle-la-promesse-d-un-crime-l-appel-d-une-centaine-de-personnalites-contre-la-degradation-du-debat-public.html

Cet appel est nécessaire, face à la dégadation continue du débat public, où les bornes du tolérable sont sans cesse repoussées.

Mais est-il suffisant ?

Il convient en effet, plus que jamais, de s'interroger sur les conditions qui ont rendu cette dégradation possible.

Combatte les discriminations à la source du racisme

Je fais appel pour cela à ma réflexion passée sur le sujet, en prolongement d'une lecture déterminante sur le rapport entre l'histoire de l'esclavage et celle du racisme occidental que fut "Un monde en nègre et blanc" d'Aurélia Michel, qui m'avait fait découvrir que ce n'était pas le racisme anti-noirs qui avait créé l'esclavage de masse et la traite des esclaves subsahariens, mais au contraire la pratique de la traite et de l'esclavage qui avait suscité le racisme.

C'est cette découverte qui m'a attiré l'oeil sur les considérations d'un personnage du roman de Jonathan Littell sur la pratique de la violence raciale par les SS : c'est bien pour effacer l'humanité persistante de leurs prisonniers qu'ils les éliminent physiquement. Et c'est cette pratique de la violence qui alimente en retour leur racisme. J'en avais tiré la conclusion suivante, qui nous concerne directement :

"la tolérance envers les pratiques violentes encouragées dans la police par les consignes gouvernementales envers les migrants est autrement plus grave que les discours xénophobes de l'extrême-droite : car c'est elle qui leur fournit leur carburant et qui alimente et entretient le racisme.'https://vert-social-demo.over-blog.com/2018/06/jonathan-littell-les-bienveillantes.html

 

Cela rejoint également les leçons radicales tirées de son expérience concentrationnaire par Robert Antelme dans "l'espèce humaine", p 229 : "la variété des rapports entre les hommes, leur couleur, leurs coutumes, leur formation en classes masquent une vérité qui apparaît ici éclatante, au bord de la nature, à l'approche de nos limites : il n'y a pas des espèces humaines, il y a une espèce humaine. C'est parce que nous sommes des hommes comme eux que les SS seront en définitive impuissants devant nous. C'est parce qu'ils auront tenté de mettre en cause l'unité de cette espèce qu'ils seront finalement écrasés. Mais leur comportement et notre situation ne sont que le grossissement , la caricature extrême -où personne ne veut , ni ne peut sans doute se reconnaître -de comportements, de situations qui sont dans le monde et qui sont même cet ancien "monde véritable" auquel nous rêvons. Tout se passe effectivement là-bas comme s'il y avait des espèces – ou plus exactement comme si l'appartenance à l'espèce n'était pas sûre, comme si l'on pouvait y entrer ou en sortir, n'y être qu'à demi ou y parvenir pleinement, ou même n'y jamais parvenir au prix de générations - , la division en races ou en classes étant le canon de l'espèce et entretenant l'axiome toujours prêt, la ligne ultime de défense : "Ce ne sont pas des gens comme nous.".

(...)Tout ce qui masque cette unité dans le monde, tout ce qui place les êtres dans la situation d'exploités, d'asservis, et impliquerait par là-même, l'existence de variétés d'espèces, est faux et fou."(p 230)

Accueil et papiers pour toutes et tous

Combattre les inégalités de droits et l'exploitation subie par les sans-papiers et donc exiger leur régularisation massive et inconditionnelle est donc la clé d'une lutte victorieuse contre la montée du racisme.

Encore une fois, enfonçons ce clou que la "gauche de gouvernement" soi-disant réaliste et sérieuse s'évertue à toujours extraire de ses programmes : seule une politique d'accueil et d'hospitalité assumée totalement peut s'opposer à la montée du racisme et de l'extrême-droite.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article