La guerre du genre britannique n'est-elle qu'un débat entre féministes ?
Sous la signature de Cécile Ducourtieux, "Le Monde" (daté 23-5-25) consacre une pleine page à la récente décision de la Cour suprême britannique consacrant la définition restrictive d'une femme à son "sexe biologique".
Cette définition ayant force de loi consacre la victoire du lobby féministe anti-trans qui portait cette requête.
Etonnamment, après avoir précisé que "l'Equality Act de 2010, la principale loi anti-discrimination du pays, ne précisait pas, jusqu'à présent, la définition d'une femme" la journaliste cite le vice-président de la Cour suprême, Lord Hodge affirmant "Il ne s'agit pas du triomphe d'un groupe social aux dépens d'un autre", ce qu'elle explicite ainsi : "les personnes trans resteront protégées (en tant que trans) des discriminations par l'Equality Act."
Affirmation paradoxale qui se heurte à la cruelle réalité des faits. Un peu plus loin, l'ex-juge transgenre Victoria McCloud déclare "En tant que femme trans, avec des organes génitaux féminins, ayant fait mon coming out il y a des décennies, je vais devoir utiliser les toilettes et les vestiaires des hommes et être traitée comme un homme. La vie va être impossible pour des gens comme moi."
De fait, cette décision, fêtée comme une victoire par les anti-trans définies par l'autrice de l'article comme "des féministes défendant les droits durement acquis des femmes, qu'elles estiment menacés par les progrès de ceux des femmes trans", constitue un recul du principe d'égalité. Car si l'on ne voit pas en quoi les progrès des droits des femmes trans menaceraient les droits durement acquis des femmes, on voit par contre très clairement en quoi le recul des droits des femmes trans signe le retour de leur discrimination.
En réalité, cette bataille, présentée ici comme un simple débat entre féministes, n'est que la pointe avancée d'un combat plus global pour la remise en cause des droits durement acquis de toutes les personnes discriminées.
Il est tout à fait critiquable d'avoir présenté cette affaire sous l'angle très restrictif du débat entre féministes, comme si d'autres forces n'étaient pas en jeu.
Cette focalisation aboutit à occulter le rôle de l'internationale réactionnaire dans cette offensive anti-trans qui a pour objectif un retour général en arrière, dont les féministes anti-trans finiront par se mordre les doigts, s'il n'est pas combattu de façon unie et déterminée.
Je renvois pour de plus amples développements au livre de Maud ROYER "Le lobby transphobe".
Je participe au défi "Juin mois des fiertés" de Anne-Yes.