Urgence écologique : alertes et déni
Je relis, avant de les jeter, de vieux numéros du "Monde" de 2021. Je suis frappé par le nombre de titres et d'articles, sur cette période d'août-septembre, portant sur les urgences du réchauffement climatique et de la chute de la biodiversité.
J'en reproduis partiellement quelques uns, en m'arrêtant à la date du 12 septembre. Il aurait fallu y ajouter à la date du 16 deux articles reprenant pour l'un les sévères critiques de 3 agences de l'ONU sur les subventions agricoles existantes, jugées "néfastes sur le plan social et environnemental", et pour l'autre une projection sur les "déplacés climatiques" dont la Banque Mondiale évalue la montée en nombre jusqu'à 216 millions en 2050, la page Planète du 19 & 20-9, titrée "La Terre vers 2,7° C de réchauffement climatique, avec un article sur "Les progrès "décevants" des pays riches en matière de financement climat", une chronique "Economie" sur "Les trous noirs de la révolution verte", le 21-9, une alerte de la BCE "sur le coût financier de la crise climatique" exhortant les Etats européens à "opérer une transition précoce et progressive", le 24-9, une "revue des revues" consacrée à "la civilisation face à l'effondrement", le 25-9, et enfin, les 26 & 27 -9, une page "Idées" consacrée à la question de la "décroissance".
Qu'est-il sorti de tout cela ?
Un déni radicalisé de ces deux urgences qui s'est matérialisé lors des élections européennes de 2024 par un recul quasi général des listes écologistes, en particulier en France, mais qu'on avait déjà pu constater aux présidentielles 2022. Et par une offensive anti-écologiste qui prend à présent une ampleur inégalée.
Il nous faut impérativement analyser les raisons et les mécanismes de ce déni.
Le paradoxe de l'urgence
Il réside en ce que la radicalisation des enjeux ne permet plus le moindre compromis et donc aboutit à durcir les positions des uns et des autres.
Confrontés à une remise en cause radicale de leur situation, les plus concernés (industriels, agriculteurs engagés dans l'agro-industrie, aménageurs publics et élus) s'en tirent par le déni, éventuellement assorti d'un discours pseudo-écolo et pseudo-social. Alors qu'ils détruisent à la fois l'environnement et la pérennité des activités productives, ils prétendent défendre à la fois l'environnement et l'emploi.
En face, les écologistes sont également condamnés à une forme d'intransigeance face à l'imminence et à la gravité du péril. Mais cette intransigeance se heurte à la fois au déni et à une réalité immédiate où le péril ne s'est pas encore complètement matérialisé, ce qui favorise la posture du déni.
Comment passer le mur du déni ?
La forme de réponse fataliste serait d'attendre tout simplement que le péril se manifeste de façon massive et évidente.
Mais cela ne saurait nous satisfaire.
Il n'y a pas d'autre chemin que d'alerter encore et toujours sans reculer sur nos positions. En restant sur une posture d'ouverture au dialogue dans les formes démocratiques.
Car la violence serait pire que la passivité : elle ne ferait que renforcer le déni au lieu de le fissurer, et surtout elle alimenterait une répression que nous n'aurions pas la force d'arrêter.
En face, le recours à des lois d'exception ou à des faits accomplis pour passer en force, comme on le voit sur l'arrêt du chantier illégal de l'A 69, après l'avoir subi sur différents projets de barrages-réservoir et ceux des bassines, ne doit pas nous laisser sans voix, car il s'agit-là de la destruction des conditions-mêmes de la démocratie. Que des élu-es au Parlement ou à d'autres échelons se laissent aller à de telles pratiques doit être dénoncé, non seulement dans le débat public, mais aussi sur le terrain par des pratiques de résistance civile évitant le piège de la radicalisation violente.
Nous prenons ainsi le risque d'une violente répression qu'il s'agit de délégitimer au maximum par la mise en avant de tous les mécanismes et procédures de l'Etat de droit à notre portée et d'une argumentation rigoureuse et exacte.
/image%2F1562319%2F20250523%2Fob_9c9263_climat-le-monde-10-8-21.jpg)
/image%2F1562319%2F20250523%2Fob_b4f0ed_climat-le-monde-11-8-21.jpg)
/image%2F1562319%2F20250523%2Fob_0ad758_megafeux-le-monde-21-8-21.jpg)
/image%2F1562319%2F20250523%2Fob_e2d5bd_biodiversite-le-monde-12-13-9-21.jpg)
/image%2F1562319%2F20250523%2Fob_bf3173_debats-le-monde-19-8-21.jpg)
/image%2F1562319%2F20250523%2Fob_d870a9_revues-le-monde-7-9-21.jpg)