Désigner et éviter le pire pour pouvoir construire le meilleur
Tel est l'enjeu de l'écologie politique. Ce qui nous conduit d'abord à combattre le déni écologique et le néo-fascisme qui l'accompagne comme son ombre portée.
Combattre le déni écologique
La dernière prestation télévisée du président Macron fournit un exemple frappant de ce déni au plus haut niveau.
Il est excellemment analysé par Stéphane Foucart dans sa chronique " Planète"du "Monde" daté 18 &19-5-25, dont je reproduis un passage.
Où l'on voit que le déni passe par la pseudo-objectivité d'un institut de sondage qui omet tout simplement de mentionner les enjeux environnementaux dans son questionnaire aux Français sur leurs priorités politiques. Et cela alors -même qu'un autre institut, plus rigoureux, avait décelé quelques mois plus tôt que ces enjeux venaient en 2e position .
Plus précisément, nous rappelle Foucart, l'Ifop avait demandé "aux personnes interrogées de classer par ordre de préoccupation : l'immigration clandestine, les tensions sur la scène internationale, les services publics, le risque terroriste, le trafic de drogue, les risques des écrans, le chômage et la dette. L'environnement ? Ça n'existe pas. La chaîne (TF1) assure que le cadrage de l'enquête s'est fait en collaboration exclusive avec l'IFOP.
Il reste qu'en résumé, un sondage excluant l'environnement des sujets de préoccupation est utilisé pour justifier d'exclure l'environnement des questions posées aux téléspectateurs."
Et de rappeler que "l'enquête "Fractures françaises", réalisée par Ipsos pour "Le Monde", le Cevipof, la Fondation Jean Jaurès et l'Institut Montaigne, indiquait, en décembre 2024, que la protection de l'environement comptait au deuxième rang des préoccupations des Français (23%), derrière le pouvoir d'achat (38%), mais devant la délinquance (22%), l'immigration (21%), le système de santé (19%), les inégalités sociales (13%), la dette (13%), etc." J'avais commenté ici-même plus en détail cette enquête, qui montrait aussi la forte polarisation politique autour de ces différentes préoccupations.
C'est de fait cette forte polarisation politique Droite/Gauche qui constitue sans doute le facteur explicatif de cet "oubli" : la droitisation indéniable de Macron conduit à aligner la demande d'explications autour des seules préoccupations de l'électorat bourgeois vieillissant et rural de droite (la liste de l'Ifop est très significative à cet égard) qui constitue aujourd'hui son noyau rétréci de soutien.
La radicalisation anti-écolo de son "bloc central", notamment sur les questions agricoles, en est aussi l'illustration, comme le montre la proposition de loi Duplomb actuellement en discussion au Parlement.
Relayée localement par le syndicalisme agricole traditionnel, elle prend une tournure agressive, notamment en raison de la concurrence de l'extrême-droite. Mais également du fait des difficultés réelles de nombreux agriculteurs, pressurés par le modèle économique dominant de l'agro-industrie, victimisés par la dénonciation des atteintes environnementales et à la santé publique de leurs conditions de production, et portés au ressentiment contre ceux qu'ils perçoivent comme les plus faibles de leurs adversaires : les "écolos".
Nous devons combattre ce déni écologique en désignant clairement le pire : ces atteintes à notre capital naturel commun et à notre santé. En cela le combat écologique est global, car il concerne également les méfaits de l'industrie chimique et du tout-numérique, et porte au coeur de tout un système économique qu'il s'agit de démanteler.
Démanteler pour reconstruire autre chose à la place.
Construire l'alternative écologique
Nous sommes toustes au pied du mur, car le temps nous est compté. Plus le temps de débattre savamment sur la pertinence du terme de "décroissance", car il s'agit bien de changer radicalement l'angle de la pente qui nous conduit à l'effondrement par la croissance, donc bien de faire décroître notre PIB sans sacrifier notre pouvoir de vivre.
La réduction drastique des inégalités de fortune et de revenus est un pré-requis pour cela, ainsi que la conquête de nouveaux droits sociaux tel que la Sécurité sociale alimentaire. La relocalisation de nos économies, notamment en matière alimentaire, passe par le boycott de l'alimentation ultra-transformée qui a poussé la majorité de nos agriculteurs dans l'impasse. Cela induit une réduction des déplacements de marchandises, et donc le refus de toute nouvelle infrastructure de transport visant à augmenter les vitesses et les flux de déplacements.
L'alternative écologique est globale et inclut la question des inégalités mondiales et d'une gouvernance démocratique mondiale respectueuse des droits humains et environnementaux, c'est-à-dire le respect du vivant et tout ce que cela implique.
Elle passe donc aussi par la réparation des méfaits du colonialisme et le refus de tout impérialisme.
Nous avons bien un monde alternatif à proposer, face au néofascisme technologique et suprémaciste.
Aujourd'hui l'alternative est bien : Écologie ou barbarie.
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