ELGAS Les bons ressentiments
El Hadj Soueymane GASSAMA, dit ELGAS, est journaliste, écrivain et docteur en sociologie. Né en 1989 à Saint-Louis et grandi à Zinguichor au Sénégal, il vit en France depuis l’âge de 17 ans.
Dans cet essai, il s’attaque à la dérive, devenue préoccupante, d’une bonne partie des élites « afropéennes » (pour parler comme Léonora Miano, évoquée dans le livre, avec les mêmes nuances critiques que j’ai utilisées à son égard). Car celle-ci se propage dangereusement dans la jeunesse africaine. Il s’agit du ressentiment anti-Français et anti-Occidental qui dispense de toute introspection critique et de tout travail d’émancipation et de préparation de l’avenir collectif.
Pour cela il s’appuie à la fois sur une vaste culture puisée à la double source de l’anticolonialisme historique (Fanon, Césaire, Cheikh Anta Diop) et de la pensée occidentale critique (Balandier, Amselle, Fleury) et sur un solide corpus de références contemporaines.
Cela alimente sa thèse du passage de « l’afro-pessimisme » des années 80 et 90 à un « afro-optimisme » lui aussi surjoué et tout aussi ambigu, qui a tourné, chez l’élite afropéenne au dogmatisme identitaire doublé d’une chasse permanente aux traîtres à ce dogme sur un mode sectaire.
Son style sophistiqué (phrases à rallonge emplies d’incises et de nuances sémantiques) est parfois un obstacle à la fluidité de la lecture. Cependant, la thèse est claire et bien argumentée.
Il y a bien un renoncement de toute une partie des élites africaines occidentalisées à affronter l’ambigüité de leur situation : appuyées sur le confort de leur insertion dans le monde occidental, elles doivent parallèlement travailler à l’émancipation de leur société d’origine de ce même monde occidental. Ce faisant, elles s’exposent à un double risque : celui de ne servir que de faire-valoir à ce monde occidental, et celui de renoncer à leur travail d’émancipation en s’enfermant dans le seul ressentiment anti-occidental.
ELGAS plaide pour le maintien sur la crête entre ces deux risques. Cela suppose d’arrêter de cultiver le ressassement du passé et de s’enfermer dans l’impasse identitaire, pour affronter les vrais défis du présent et préparer réellement l’avenir.
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