Pourquoi s'opposer à toute nouvelle infrastructure routière ?
En tant qu’écologiste réformiste, je me suis longtemps attaché à trouver des compromis acceptables et des alternatives « réalistes » à des projets de nouvelles infrastructures routières (rocades, passage de 2X1 voies à 2X2 voies, autoroutes…).
Aujourd’hui, je me prononce en faveur d’une opposition frontale à tout nouveau projet d’infrastructure routière.
Pourquoi ?
Pour le comprendre, il faut partir du fait que la lutte contre le changement climatique a pris un sacré retard depuis 2009 en particulier (Cop avortée de Copenhague), et qu’elle prend de plus en plus de retard en raison des résistances croissantes à la prise de conscience de sa réalité.
Les enjeux se sont fortement radicalisé, et nous devons en tenir compte.
Nous risquons de ne pas être compris ? Certes, mais c’était déjà le cas depuis longtemps.
La nouveauté est que nous devons assumer une forte polarisation des opinions qui rend de plus en plus impossible tout compromis.
Dans un tel contexte, assumer une position radicale permet la clarification des enjeux ; si nous voulons éviter la catastrophe climatique ou du moins en limiter au maximum les effets, il faut, comme l’écrit Vaclav Smil (voir son portrait dans le Nouvel Obs du 6-3-25, pp 60-61) : « décroître le plus rapidement possible ou investir de 15 à 20 % du PIB mondial pendant trente ans pour aider le monde à faire sa mue. » Autant dire faire tout autre chose que la prétendue « transition écologique » que les gouvernements les mieux disposés veulent nous vendre …
Nous n’avons en réalité rien à perdre à abandonner un positionnement « réaliste » qui nous envoie tout autant dans le mur que le négationnisme climatique pur et simple. Par contre nous avons à y gagner de ne plus nous bercer, ni bercer les autres, d’illusions. Faire face à la catastrophe en cours est certes angoissant et stressant, mais s’y opposer de toutes nos forces est libérateur et peut nous faire gagner de la capacité à anticiper les vrais besoins de l’avenir collectif dans un contexte de chaos climatique devenu difficile, voire impossible, à éviter.