Frédéric PAULIN Rares ceux qui échappèrent à la guerre

Publié le par Henri LOURDOU

Frédéric PAULIN Rares ceux qui échappèrent à la guerre
Frédéric PAULIN
Rares ceux qui échappèrent à la guerre
Agullo Noir, février 2025, 406 p.


 

Voici donc le deuxième volume de la trilogie annoncée sur la guerre civile au Liban (1975-1990), celui-ci porte sur les années 1983-86 et nous amène très souvent en France où se joue une partie sanglante entre le gouvernement iranien et le gouvernement français à coup d'enlèvements au Liban de ressortissants français et d'attentats à Paris, télécommandés, mais non revendiqués, par le gouvernement iranien.

La politique française s'en mêle, avec le duel Droite/Gauche et la 1e cohabitation Mitterrand-Chirac de 1986-88. Une bonne connaissance de la politique et de ces années-là n'est donc pas inutile pour apprécier pleinement cette fiction très réaliste où personnages réels et inventés se mêlent.

On y retrouve les personnages inventés récurrents introduits dans le 1er volume, Libanais et Français, voire Franco-Libanais comme le député RPR Michel Nada. Ils couvrent tout le spectre des acteurs de cette histoire, des militants d'ultra-gauche, comme ceux d'Action Directe, dont ce sont les années de plus intense activité, jusqu'aux intégristes du Hezbollah, missionnés par les Pasdarans iraniens. Leur point commun est l'usage de la violence ou la tentative, souvent vaine, d'y mettre fin. Pour ceux qui pousuivent ce dernier but, politiques, policiers, magistrats, le chemin est loin d'être clair, et la question récurrente de l'équilibre entre pragmatisme et respect des principes est sans cesse posée. Plus que cela, il s'agit aussi du discours public à tenir et de ses effets politiques.

C'est en cela que cette histoire me passionne, car elle pose, avec le poids de l'histoire effectivement advenue, de redoutables questions auxquelles tout militant politique se doit de chercher des réponses. Et celles-ci n'ont rien d'évident.

Parmi celles-ci, la pertinence ou non d'une "justice antiterroriste" spécifique, et des moyens dont elle doit disposer : moyens matériels, mais aussi moyens de Droit.

Mais également, la maîtrise de l'usage, parfois nécessaire, de la violence.

Et enfin, la possibilité ou non de négocier avec des terroristes pour obtenir la libération d'otages, avec quelle marge d'appréciation et quelle communication ?

Toutes ces questions sont légitimes et pertinentes. C'est ce que montrait aussi le très bon livre de Grégoire Kauffmann sur l'enlèvement et la libération de son père.

Par sa documentation rigoureuse et son sens du récit, Frédéric PAULIN nous aide à poser ces questions et à y chercher des réponses.

En refermant ce livre, qui se termine avec l'attentat contre le magasin Tati de la rue de Rennes à Paris, en septembre 1986, on se demande si le tome suivant (et dernier) va nous révéler quel fut le vrai prix de la libération en 1988 des otages français au Liban, un point auquel Grégoire Kauffmann n'apporte pas de réponse...

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