Quelle paix en Ukraine ?
C'est le début d'une tragédie annoncée.
On sait tout le poids négatif que fait peser une situation de guerre sur une société. Je renvoie pour mémoire au film documentaire de Sergei Loznitsa "Invasion", exemplaire de sobriété, et pour cela d'autant plus éprouvant, visible sur Arte.tv. Aux chroniques des soeurs Olga et Sacha Kurovska dans "M" le magazine du "Monde", et bien sûr à tous les témoignages littéraires dont j'ai rendu compte dans ce blog.
Pour autant, l'annonce des pourparlers Trump-Poutine et de leur contenu sont la marque d'un abandon du pays agressé au profit de l'agresseur par la première puissance militaire mondiale.
Les Ukrainiens, éprouvés durement par trois longues années de guerre généralisée sur leur sol, après l'invasion "à petite échelle" de 2014, aspirent plus que tous autres à la paix.
Mais pas la paix aux conditions de l'agresseur.
Aussi, il faudra être très attentifs aux conditions de l'arrêt des combats que prétend obtenir Donald Trump. Et surtout aux suites prévisibles de ce cessez-le-feu...
Comme les Palestiniens ne renonceront jamais à leur existence nationale et à leurs droits, les Ukrainiens non plus ne sont pas prêts à un tel sacrifice.
La question des garanties de sécurité de l'Ukraine et de son droit à recouvrer son intégrité territoriale restera donc entière.
Aujourd'hui, seule l'UE est en capacité potentielle de les soutenir effectivement par une aide militaire. Le fera-t-elle ? Jamais sans doute une telle responsabilité n'a pesé sur nos épaules depuis la désastreuse conférence de Munich en 1938.
Post Scriptum : A peine ai-je publiée cette réaction, qu'un post Facebook des Amis de la Terre me rappelle cette réalité, bien documentée dans l'excellente série documentaire "Oligarques, le gang de Poutine" (elle aussi visible sur Arte.tv) : l'UE finance la guerre de Poutine, notamment par ses importations de Gaz Naturel Liquéfié extrait dans la plateforme nord sibérienne co-financée par Total Energies (une entreprise à boycotter absolument : je refuse de faire mon plein d'essence dans des stations Total).
Extrait du post des Amis de la Terre :
Malgré les sanctions, la France reste le 1er importateur européen de GNL russe et un acteur clé du commerce d’engrais russes. Résultat ? Des milliards continuent d'affluer vers la Russie, alimentant sa machine de guerre contre l’Ukraine.
Depuis 2022, 210 milliards d’euros ont été versés à la Russie par l’UE pour importer ses énergies fossiles. En 2024, l’UE lui a versé 1,2 milliard d’euros pour importer des engrais chimiques.
Cette situation est intenable. L’Europe ne doit plus être complice de la guerre meurtrière de Poutine.
Les solutions existent, et elles sont aussi au bénéfice du climat :
Réduire notre consommation de gaz fossile
Soutenir une agriculture sans dépendance aux engrais chimiques
Interdire toutes les importations de GNL russe
A cela s'ajoute cet appel de "People first" à la libération de tous les prisonnier-es de l'invasion russe, relayé par Mémorial France : https://memorial-france.org/people-first-appelle-a-liberer-tous-les-prisonniers-de-linvasion-russe/