Immigration : la coupable concession du Monde à Bayrou

Publié le par Henri LOURDOU

Immigration : la coupable concession du Monde à Bayrou
Immigration : la coupable concession du Monde à Bayrou
Immigration : la coupable concession du Monde à Bayrou
Immigration :
La coupable concession du "Monde" à Bayrou.


 

Je suis souvent d'accord avec les éditoriaux de la rédaction du "Monde". Aussi je me dois de relever un profond désaccord avec celui de l'édition datée 31-1-25 intitulé "Immigration : la faute sémantique de Bayrou".

Car s'il qualifie à juste titre de "faute sémantique" l'emploi de l'expression "submersion migratoire" (emploi aussitôt salué par le RN comme une "victoire idéologique"), il relativise tout aussitôt cette faute en concédant que l'ensemble du propos du Premier ministre n'est pas stigmatisant ni discriminatoire pour les exilés.

Mais, surtout, il s'appuie sur des chiffres, tirés de l'enquête Ipsos-Cevipof sur les fractures françaises de novembre dernier, qui sont outrageusement tirés dans le sens d'une supposée inquiétude majoritaire des Français vis-à-vis de l'immigration.

J'ai voulu en avoir le coeur net, car j'avais retenu pour ma part sur le même sujet d'autres chiffres de cette enquête.

En effet, l'éditorial du "Monde" met en avant le chiffre de 65% des Français qui pensent "qu'il y a trop d'étrangers en France", dont "un tiers sont des électeurs de gauche".

Si ce chiffre est bien présent, à la p 62 de l'étude, j'avais relevé pour ma part, à la p 6, que "le niveau de l'immigration" n'était un des deux sujets de préoccupation principaux que pour 21% des Français.

Si l'on approfondit un peu le résultat de ces sondages, réalisés annuellement depuis 2013, on constate d'une part le profond clivage de l'opinion selon les orientations politiques, et d'autre part la tendance au recul des préjugés xénophobes soulignée par différents politistes.

Ainsi sur la question du "trop d'étrangers", le % d'approbation va de 96% chez les sympathisants RN à 29% chez le sympathisants écologistes, 35% chez les sympathisants socialistes et 31% chez les sympathisants LFI/PCF. Il est de 66% chez les "sans proximité politique".

Néanmoins ce % était globalement de 70% en 2013, et, à cette époque, de 99% chez les sympathisants FN, de 46% chez les sympathisants Front de Gauche (LFI/PCF), de 43% chez les sympathisants PS, les Ecologistes n'étant pas alors testés, et de 78% chez les "sans proximité politique"(incluant donc les sympathisants écologistes).

Ce qui est donc à mes yeux significatif est bien à la fois la baisse globale de ce perçu xénophobe, et sa plus grande polarisation politique.

On retrouve cela sur les deux autres questions concernant spécifiquement l'immigration : celle portant sur le lien avec le chômage, et celle portant sur les efforts d'intégration (voir les graphiques de synthèse de la p 61). Même si le tableau est ici plus nuancé, la tendance est bien là.

Bien sûr, des progrès sont encore à faire pour ancrer solidement et majoritairement l'acceptation sociale du fait migratoire. Et nous sommes quelques-uns à gauche à y travailler.

Il n'en demeure pas moins que ce travail n'est pas aidé par ce genre de prise de position d'un journal de référence comme "Le Monde". Ni par la politique d'un gouvernement qui flirte ostensiblement avec le narratif anxiogène de l'extrême-droite.

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