Frédéric PAULIN La guerre est une ruse

Publié le par Henri LOURDOU

Frédéric PAULIN La guerre est une ruse
Frédéric PAULIN
La guerre est une ruse
Agullo Editions 2018, Folio policier, 2020, 448 p.


 


 

Ce roman noir est le premier tome d'une trilogie centrée sur un agent de la DGSE, Tedj BENLAZAR, "honorable correspondant" du service de la "sécurité extérieure" en Algérie en 1992 au début de l'histoire.

Il a pour ambition de décrire comment la répression du mouvement du Front Islamique du Salut, vainqueur des élections de 1991, par l'Armée algérienne et ses services de renseignement a produit la naissance et le développement du terrorisme sur le sol français, en interaction avec la naissance et le développement d'Al Qaïda au niveau mondial.

Dans ce premier tome est mis en évidence ce qui fut dans un premier temps largement dénié, notamment par les médias français de droite : la manipulation par les généraux au pouvoir à Alger de ce terrorisme islamiste, monté en épingle et parfois mimé par les militaires eux-mêmes, à la fois pour terroriser la population algérienne et la faire "rentrer dans le rang", et pour obtenir un appui inconditionnel du gouvernement français.

Bien entendu, le personnage de Tedj Benlazar est le grain de sable qui tente d'enrayer (vainement) ce mécanisme pervers.

Il est aujourd'hui à peu près unanimement reconnu que cette manipulation a bien eu lieu. Mais en a-t-on tiré toutes les leçons ?

En particulier celle du recrutement de candidats au djihad armé contre l'Occident dans la 2e ou 3e génération d'immigrés maghrébins, et de la montée du repli religieux intégriste et identitaire dans l'ensemble des communautés.

La réflexion de Paulin porte également sur les dynamiques de l'usage de la violence et leurs effets sur ceux-celles qui les portent et ceux-celles qui les subissent. Car ce point est étroitement lié au premier : le repli intégriste et identitaire alimente la méfiance, la méfiance alimente la peur et la peur génère la violence, avec un effet de cercle vicieux dont on voit aujourd'hui partout les effets. Rompre ce cercle présuppose d'en bien cerner les mécanismes et d'en bien identifier les acteurs.


 

Ce premier tome s'arrête en 1995, le deuxième ("Prémices de la chute") va jusqu'aux attentats des Twin towers du 11 septembre 2001, quant au 3e ("La fabrique de la terreur"), je ne l'ai pas encore lu, mais je sais que je ne résisterai pas à la puissance addictive de ce récit qui mêle destins individuels inventés et destin collectif avéré.

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