Frédéric PAULIN La peste soit des mangeurs de viande

Publié le par Henri LOURDOU

Frédéric PAULIN La peste soit des mangeurs de viande
Frédéric PAULIN
La peste soit des mangeurs de viande
roman noir
La Manufacture de livres, 2017, 332 p.

 

 

J'ai découvert Frédéric PAULIN avec son roman sur les violences ayant entouré le sommet de Gênes du G8 (la Russie en faisait encore partie, ce n'était pas encore le G7) de 2001, paru en 2021

Celui-ci, fort bien documenté, explorait la mouvance d'extrême-gauche à l'aube du millénaire, et donnait un aperçu glaçant sur le mouvement "post-fasciste" italien qui venait d'inaugurer la stratégie de dédiabolisation qui a amené Meloni au pouvoir.

Dans celui-ci, écrit et publié antérieurement, il est question de l'émergence de la mouvance antispéciste en France dans les années 2013-2015, avec l'impact des vidéos de l'association L 214 tournées clandestinement dans les abattoirs .

PAULIN utilise une intrigue policière (la mort mystérieuse d'un policier chargé de la surveillance sanitaire des abattoirs, mais dans le collimateur de l'IGPN, "la police des polices", pour des manquements déontologiques) pour expliquer la genèse d'un mouvement radical "antispéciste" issu de l'extrême-gauche.

C'est aussi l'occasion de nous introduire dans le monde des abattoirs et de ses problèmes sociaux et économiques.

On se souvient (ou plutôt on avait oublié) qu'un mouvement de concentration du secteur dans les années 2010 avait conduit, sur fonds de normes européennes plus exigeantes, à des fermetures d'établissements accompagnées de licenciements collectifs.

La plus emblématique, en octobre 2013, fut celle des abattoirs GAD de Lampaul-Guimiliau dans le Finistère. Un épisode traumatisant, marqué par les propos d'un jeune ministre de l'économie, Emmanuel Macron, sur l'illettrisme des ouvrières licenciées qui ne favorisait pas leur reconversion... (p 218-9) ajoutant ainsi le mépris à l'angoisse des lendemains.

Mais ce récit remet bien en place le cynisme d'un certain patronat qui vise le marché émergent que constitue la Chine, et donc entend réduire ses coûts de production pour le conquérir : "il sait que les prévisions assurent une hausse de 40% de la demande viande dans le monde, d'ici à 2025. Les pays émergents, particulièrement en Asie, seront les premiers à vouloir manger comme les Occidentaux." (p 321)

Et il explique bien cette mutation de la sensibilité commune en cours vis-à-vis de la souffrance animale, qui accompagne également une prise de conscience sur l'impact climatique et écologique de la viande et du régime carné de type industriel.

Publié dans écologie

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