Adresse aux partis du Nouveau Front Populaire sur la question migratoire

Publié le par Henri LOURDOU

Pour faire de l'immigration une chance

pour la France (et pour l'Europe...)

(texte écrit pour le Réseau Education Sans Frontière 65)

Nous constatons le rassemblement des partis de gauche et écologiste à l'occasion des prochaines législatives. Ce fait nous réjouit et nous encourage.

Les mesures prévues dans son programme visent à réparer tout ce que la régression dans l'accueil des exilés a produit depuis 7 ans. Et nous nous en réjouissons également.

Mais, au-delà, il nous semble nécessaire que la gauche sorte de son discours défensif sur cette question pour adopter un narratif positif et les mesures plus ambitieuses qu'il appelle.

C'est l'objet de cette contribution.

 

Le constat : immigration ou migration ?

 

Dès 1997, l'intellectuel italien Umberto Eco, qui regardait haut et loin, posait l'opposition fondamentale entre "migration" et "immigration". La première étant un phénomène historique irrésistible, la seconde le fruit de politiques permettant de maîtriser des flux de population.

Il mettait en avant la comparaison avec la fin de l'Empire romain, qui avait vu des peuples entiers envahir l'Europe au fil de grandes "migrations".

On pourrait également rappeler que 50 millions d'Européens ont changé de continent entre 1850 et 1950 : là aussi on peut parler de "migration".

Les comparaisons historiques ont cependant leurs limites.

Il faut pointer ici la différence majeure entre la "migration" actuelle, des pays du Sud (Afrique, Asie, Amérique latine) vers les pays du Nord (Amérique du Nord, Europe) avec celles du passé.

En particulier avec la "migration" européenne vers l'Amérique, l'Afrique et l'Océanie.

Cette dernière s'est faite dans le cadre d'une colonisation violente qui a débuté au 16e siècle, en massacrant des peuples entiers et en les réduisant à la servitude.

Aujourd'hui, les populations du Sud qui frappent à la porte du Nord ne sont pas soutenues par leurs Etats et leurs armées. Leur arrivée n'est pas facilitée par les pays d'accueil, au contraire.

Il n'en demeure pas moins que, malgré toutes les restrictions à l'entrée en Europe ou aux USA, des milliers de candidats à l'exil prennent chaque année de plus en plus de risques pour rejoindre nos pays.

 

L'échec d'une politique de non-accueil

 

En plus d'être humainement insoutenables, les politiques de fermeture des frontières sont inefficaces.

Seuls augmentent les prix des passeurs et les trafics que cette inflation génèrent (travail forcé pour payer le passage sous la coupe du crime organisé).

Dans nos pays, la non-attribution de titres de séjour et les tentatives de retours forcés ne génèrent que travail au noir, marchands de sommeil, criminalisation et délinquance, ghettoïsation et replis communautaires.

 

Ce sont ces effets pervers du non-accueil qui alimentent le rejet de l'immigration, et non l'immigration elle-même, porteuse potentiellement de rajeunissement de la population, d'ouverture culturelle, et donc véritablement d'une chance pour la France.

 

Pour une politique d'accueil assumée

 

En conséquence nous plaidons donc pour :

 

-L'attribution de visas dans nos ambassades et consulats sans restrictions ethno-économiques

-L'ouverture de titres de séjour sécurisés autres que le statut de réfugié

-La mise en place d'une véritable politique d'accueil et d'intégration :

hébergement, droit au travail, apprentissage du français.

 

Seule une telle politique peut rassurer à terme nos concitoyens sur un monde qui change trop vite pour certains d'entre eux.

 

Faut-il ajouter que les dernières élections européennes dans les pays nordiques constituent un message positif en ce sens : en Finlande, en Suède et au Danemark, les partis "anti-immigration" ont nettement marqué le pas, en particulier le parti social-démocrate danois, avant-garde de la réaction anti-immigrés dans la gauche européenne, au profit de la gauche verte et radicale qui connaît une progression sans précédent. Ce signal doit vous encourager à aller dans notre sens.

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