Dulce CHACON Voix endormies
Ce récit remarquable, à mi-chemin de la fiction et de l'enquête historique (l'autrice donne en annexe, dans ses "Remerciements", les noms réels des personnages évoqués et la liste des témoins et témoignages consultés, pp 389-91), a eu un succès considérable en Espagne à sa parution, et il y a d'ailleurs été nommé "Livre de l'année 2003". L'autrice, née en 1954, est malheureusement décédée cette même année.
Ces "voix endormies" sont celles des femmes victimes de la répression franquiste au long cours. Le récit porte sur les années 1939 à 1963.
Il commence par la description du quotidien de femmes enfermées à la prison pour femmes de Madrid en 1939. Centré sur quelques personnages, il en fait une typologie qui va de la militante ultra-motivée à la soeur ou mère de militant, enfermée là pour "raison familiale". Toutes sont considérées comme des "rouges" à convertir ou à éloigner de la société, parfois de façon radicale par leur exécution.
Le récit est très prenant et s'élargit à celui des conditions de la poursuite de la résistance armée jusqu'après 1945. Il est centré sur la branche communiste de cette résistance.
Le choix de personnages féminins introduit cependant un décentrement de la vision idéologique des choses. Ce sont bien les aspects matériels et quotidiens de la répression qui sont ici mis en avant. En ce sens, ce livre constitue un utile complément et illustration à la lecture du maître-ouvrage de Paul Preston.
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