Louis MERCADIE Marie Talabot

Publié le par Henri LOURDOU

Louis MERCADIÉ

Marie Talabot

Une Aveyronnaise dans le tourbillon du XIXe siècle

de Borée, collection Terre de poche, 646 p, juin 2020.

 

Préfacé par Michelle PERROT, historienne du mouvement ouvrier et du féminisme, dernière survivante d'un trio d'historiennes qui comptent beaucoup pour moi (avec Rolande TREMPÉ et Madeleine RÉBÉRIOUX, elles ont renouvelé depuis les années 60 l'Histoire du mouvement ouvrier et ouvert la voie à une Histoire des femmes), cet ouvrage d'un historien local porte l'ambition d'une vraie Histoire à prétention scientifique, alliée à une forme de patriotisme local qui confine parfois à l'apologie un peu trop empathique de son héroïne et de tout ce qui est aveyronnais.

Il manque en particulier une distance par rapport à ce conservatisme de type catholique caractéristique du Nord-Aveyron auquel adhérait, malgré ses audaces, Marie TALABOT.

Moderniste certes, et féministe à sa manière, celle-ci a eu un destin hors du commun qui la rend fascinante. Et c'est bien ce qui nous retient le plus dans cette biographie soignée qui nous fait en même temps traverser une époque de grands changements. Issue d'une famille pauvre de Saint-Geniez d'Olt en 1822, Marie-Anne SAVY, devenue ensuite par mariage Marie TALABOT, a connu une ascension sociale fulgurante en partageant la vie puis en épousant un ingénieur saint-simonien de vingt ans son aîné, père de nombreuses réalisations ferroviaires sous la monarchie de juillet puis le Second empire, d'abord dans le Sud-Est. Elle a su dominer le complexe de la parvenue en restant fidèle et attentive à ses origines tout en s'insérant dans la bonne société parisienne et marseillaise de son temps.

Elle fut, dans certaines limites liées à l'époque et à son catholicisme, une féministe. On ne peut en effet que la trouver sympathique de par son dynamisme et son ouverture d'esprit. Elle fait à l'évidence honneur à notre terroir aveyronnais. Et cette lecture m'a en effet donné envie de visiter Saint-Geniez d'Olt, que je ne connais pas, et de me recueillir sur sa tombe, monument par ailleurs spectaculaire.

Post Scriptum : Je découvre en postant cette note une critique au vitriol de ce livre sur Babélio qui reproche en bloc à Marie Talabot d'avoir été une intrigante arriviste et à Paulin Talabot d'avoir été un infâme capitaliste et donc à l'auteur de nous avoir caché cela ! Or, malgré son ton apologétique parfois énervant, on ne peut lui adresser de tels reproches : ceux-ci ne font que refléter les préjugés de l'auteur de cette critique.

Publié dans Histoire

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