Pour la paix en Ukraine
Pour la paix en Ukraine, d'abord vaincre l'agresseur et assumer le prix du soutien à l'agressé.
Deux dangers nous menacent face à la situation qui perdure en Ukraine.
Le premier est de nous habituer à la routine d'une guerre qui se déroule finalement assez loin de nous...mais qui continue à accumuler morts et destructions, notamment de civils, délibérément ciblés par la partie russe.
Le second est de renvoyer les deux protagonistes principaux dos à dos au nom de la "complexité".
J'avoue que je suis tombé de haut en lisant la contribution d'Edgar Morin pour le "1" (n°401 du 15-6-22) intitulée "Pour la paix". Car il retombe dans ce qu'il avait lui-même analysé comme un travers dans son "Autocritique" de 1958 à propos de sa propre attitude "attentiste" en 1940-41 : le prétexte de la "complexité" pour ne pas s'engager clairement.
On ne peut décemment, contrairement à ce qu'il fait, arguer de la "paille" dans l'oeil de l'Ukraine pour la mettre sur le même plan que la "poutre" dans celui de la Russie.
De ce point de vue, on ne peut pas davantage justifier le "non-alignement" de certains "pays du Sud" (Analyse de Marc SEMO dans "Le Monde" daté 2-7-22, p 29) en s'appuyant sur le double standard des pays occidentaux, concernant les précédents du Kosovo, de l'Irak ou de la Libye (1999, 2003 et 2011), qui justifierait (?) l'attitude de la Russie en Syrie (2015) et en Ukraine (2014 et 2022). Outre que les situations doivent être examinées au cas par cas, les turpitudes des uns ne sauraient justifier celles des autres.
Si paix de compromis il doit y avoir, elle ne saurait se fonder sur la remise en cause de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, totalement contraire au droit international et aux traités signés par la Russie. La présence en Ukraine de "pro-russes" comme celle de "pro-allemands" dans les Sudètes en 1938, ne saurait en aucune cas justifier une guerre d'agression, ni une annexion. Ce serait la porte ouverte à toutes les entreprises impérialistes.
Le second danger serait de mettre cette guerre qui dure "entre parenthèses" , et partant de refuser d'en payer le prix. C'est ce sur quoi la chronique de Gilles PARIS, dans "Le Monde" daté 7-7-22, p 29, nous alerte.
Car empêcher l'Ukraine de succomber à l'agression a un prix. La disproportion du rapport de forces, qui ne donnait pas cher de la petite Ukraine face au géant russe, ne peut être compensée, sur la durée, par les seules motivation et mobilisation exceptionnelles de la population ukrainienne.
Cela implique de notre part certains efforts et sacrifices : comme le conclut excellemment Gilles PARIS, "un discours sur le coût du conflit pour les alliés européens de l'Ukraine devient nécessaire, tout comme l'effort de guerre qu'implique leur soutien militaire , après trois décennies de désarmement silencieux." Et c'est un pacifiste convaincu qui vous le dit : comme l'écrit Etienne BALIBAR, nous sommes, quoi que nous voulions, "dans la guerre", et nous ne pouvons adopter décemment la posture de l'observateur détaché et distributeur de mauvais points. "Il s'agit en effet de préparer les esprits non seulement à la sobriété, souhaitable par temps de paix comme par temps de guerre, mais également pour certains pays à d'éventuels rationnements."
Post-Scriptum : Ma réaction à un envoi du secrétaire de la Commission "Paix et désarmement" d'EELV, dont je suis membre :
L'accroche de ce texte donne un ton immédiatement victimiste à la seconde option qu'il défend. Loin des injures alléguées, je poserais juste la question : cette seconde option est-elle "fair" et "realistic" ? Tant que les bombardements russes continuent, aucune négociation ne semble possible...Comme souvent la justice (relative : le non-retour de la Crimée à l'Ukraine n'est pas plus juste aujourd'hui qu'hier, cette annexion comme celle du Donbass reste et restera contraire au droit international), et le réalisme passeront très certainement à plus ou moins égale distance de ces deux "options"...Radicaliser le débat n'aide en rien à trouver une issue à cette guerre insupportable.
envoyé : 12 juillet 2022 à 14:39
de : Gérard Lévy
à : Commission transnationale <comm.transnat.discussion@listes.eelv.fr>, Comm Paix Et Desarmement <comm-paix-et-desarmement@listes.eelv.fr>
objet : [comm-paix-et-desarmement] How To End the War in Ukraine? - Antiwar.com Original
Pour information.
A tout hasard un texte contribution au débat (en cours), sur la guerre en Ukraine.
Un passage cite the European Greens-les Verts européens…
A suivre.
🌎🕊🐝🦋
Gérard Lévy
NB: à noter qu’un projet d’atelier en partenariat entre les commissions nationales EÉLV, transnationale/Europe/ P&D, a été déposé auprès des organisateurs des Journées des écologistes de Grenoble (des 25-27 août).
En attente d’un « feu vert » d’ici le 15/7 (parution sur programme validé des JDE)…
https://original.antiwar.com/jean_bricmont/2022/07/11/how-to-end-the-war-in-ukraine/
(extrait): « The first, which until recently was the view of the U.S. government, which is the view of the Ukrainian government, European Greens, and the majority of our media, is that the Russian invasion is illegitimate, unprovoked, and must simply be repelled: Ukraine must regain all of its territory, including Crimea (which has been attached to Russia since 2014).
The other, supported by individuals as different as Chomsky, the Pope, Lula in Brazil, and Kissinger, is that a negotiated solution is inevitable, which in practice means Ukraine giving up territories such as Crimea and Donbass and presumably other regions, as well as agreeing to the neutrality of that country.
The supporters of the first solution shower those of the second with insults: Putin-lovers, pro-Russians, supporters of appeasement in the face of Russian fascism etc. But we can ask at least two questions about this first solution: is it fair? And is it realistic? »