Pourquoi voter Nupés le 19 juin
Pourquoi voter Nupés le 19 juin (1)
Pour comprendre les enjeux d'aujourd'hui,
comparaison est en partie raison.
Les comparaisons historiques sont toujours fausses, car l'Histoire ne se répète jamais à l'identique.
Cependant, elles peuvent aider à comprendre la nature et la hiérarchie des enjeux du présent à la lumière de ce qui est déjà connu.
Aussi vais-je tenter de le faire pour trois grands enjeux d'aujourd'hui.
Un enjeu central : la bifurcation écologique.
La grave crise climatique qui vient de commencer peut, dans une certaine mesure, être comparée à la Grande Dépression des années 1930.
Comme elle, elle est mondiale. Comme elle, elle bouleverse et va bouleverser les conditions de vie des plus pauvres : premières victimes hier du chômage et de la misère, ceux-ci vont l'être, et le sont déjà pour certains, des catastrophes environnementales qui détruisent leurs conditions de vie.
Comme hier, ils vont devoir, par millions, quitter leur lieu de vie pour aller chercher ailleurs de quoi vivre : ce sont les grandes vagues migratoires auxquelles nous assistons et allons assister.
Comme hier, pour y faire face il va falloir transformer notre économie et réduire fortement les inégalités (qui explosent) pour investir massivement , sous la direction de la puissance publique, dans les infrastructures de l'avenir : sobriété énergétique, alimentation saine, transports collectifs et mobilités actives, numérique maîtrisé...
De là l'intérêt d'une fiscalité plus juste et d'une planification écologique, qui doivent se penser à l'échelle européenne et mondiale.
Un enjeu immédiat : les guerres impérialistes.
La guerre de conquête qui vient de commencer en Ukraine, celle qui se prépare à Taïwan, peuvent aussi être comparée aux guerres de conquête des pouvoirs fascistes et militaristes des années 1930 : annexions de l'Allemagne nazie, de l'Italie fasciste et du Japon impérial.
Comme à cette époque, les démocraties doivent s'unir impérativement pour y faire face en refusant les "faits accomplis" : annexions de l'Autriche, de la Tchécoslovaquie et de la Pologne, de l'Ethiopie, de la Corée et de la Chine du Nord hier, annexions de la Crimée et du Donbass, "normalisation" de Hong Kong, du Tibet et du Xinjiang aujourd'hui.
Comme à cette époque, elles doivent faire des choix tactiques en refusant le dérivatif de combats provisoirement secondaires. Hier le combat contre le stalinisme et le colonialisme européen, aujourd'hui celui contre l'islamisme, les dictatures arabes (Syrie, Egypte, Algérie, Tunisie...) et le colonialisme israélien ou marocain (Sahara occidental). Mais sans toutefois ni les oublier, ni les abandonner totalement, sous peine de se voir reprocher le "deux poids, deux mesures".
Pour cela, il faut rendre à l'ONU, décrédibilisée aujourd'hui comme hier feu la SDN, sa vocation de gardienne des principes et de juge de paix mondial en la réformant. Il faut supprimer le droit de veto des 5 membres permanents du Conseil de Sécurité, et leur blocage du Traité d'Interdiction des Armes Nucléaires (Tian) voté par une majorité de pays. Cela passe par une démocratisation du fonctionnement de l'ONU. Et, en corollaire, par la construction de l'Etat fédéral européen, avec de véritables Etats-Unis d'Europe, comme celle d'Etats fédéraux sur les autres continents : Afrique, Amérique latine, Moyen Orient, Asie du Sud-Est. Et en finir ainsi avec les logiques impériales des Etats-continents : USA, Russie, Chine, Inde.
Et enfin , solder l'héritage du colonialisme européen en réintégrant les "confettis d'Empire" d'Outre-Mer dans leur environnement géographique, et en mettant fin au colonialisme israélien.
Un enjeu sociétal : mettre fin aux discriminations.
Cet enjeu est en grande partie inédit, mais il conditionne grandement les deux premiers.
Si le féminisme est né au début du XXe siècle avec les "suffragettes", son approfondissement depuis les années 1960 (naissance "officielle" du féminisme) a connu une grande accélération dans les années 2010 avec le mouvement "me too" et l'essor du mouvement LGBTQI+.
De là le désarroi et l'incompréhension d'une partie de la société, notamment masculine.
Cet approfondissement du féminisme se conjugue avec un nouvel antiracisme radical qui, comme lui, peut connaître des dérives identitaires à travers un communautarisme exacerbé que certains transforment abusivement en "séparatisme" pour en oublier la justesse initiale.
La montée actuelle d'un nouveau racisme et d'un nouveau masculinisme tout aussi radicaux ("suprémacisme blanc", "incels") et parfois violents est une forme de réaction à la demande profondément juste d'égalité. Mais elle s'accompagne malheureusement d'une forme de racisme "soft" de nature confusionniste , au nom d'une laïcité dévoyée sous la forme d'une dénonciation du "wokisme", de "l'indigénisme" , ou de "l'islamo-gauchisme", épouvantails destinés à faire taire la dénonciation des discriminations.
Il faut refuser d'entrer sur cette pente glissante en restant sur la crête étroite d'une lutte intraitable contre toutes les discriminations et d'un refus conjoint de tous les excès.
Ainsi nous pourrons mener les trois grands combats d'aujourd'hui : pour la planète, contre la guerre et pour l'égalité, en approfondissant le contenu de notre imparfaite démocratie.
Et c'est aussi pour cela qu'il faut voter Nupés le 19 juin.
Car, malgré ses imperfections, cette union nouvelle porte ces trois combats essentiels.