Pourquoi voter Nupés le 19 juin (3)
Pourquoi voter Nupés le 19 juin (3)
Répondre enfin à l'enjeu écologique
Le dilemme est toujours là :
-Ou bien l'on prend au sérieux les avertissements des scientifiques et il est alors difficile d'éviter une forme de catastrophisme et de volontarisme qui peuvent être impuissants, voire contre-productifs. En effet, il est alors tentant de baisser les bras de différentes façon. La plus subtile étant la collapsologie popularisée par Pablo Servigne, c'est-à-dire la croyance à l'effondrement de notre civilisation que l'on ne pourrait plus éviter. Mais la plus courante est une forme de semi-déni pour pouvoir continuer à vivre "comme avant", quitte à donner quelques gages de bonne volonté comme les fameux "écogestes".
-Ou bien l'on considère qu'il faut adapter la teneur de ces avertissements à ce que la mentalité dominante est prête à accepter, et l'on prête le flanc à l'accusation d'inactivisme climatique, quitte à lancer de vigoureux plaidoyers en faveur de la "croissance verte" (oxymore de plus en plus inaudible pour toute personne de bonne foi) tout en fustigeant "l'écologie punitive" qui voudrait nous ôter tout plaisir.
En fait, il s'agit bien de faire face à un défi inédit qui pose des questions de fond.
Un passionnant article du supplément "Science & médecine" du "Monde" ("Notre cerveau, destucteur-né ?", daté 15-6-22) nous donne quelques éléments de réponse.
La question posée est celle de notre capacité à auto-limiter notre consommation des ressources naturelles pour ne pas détruire notre environnement.
Elle dépasse celle du système économique, trop souvent posé en seul accusé par une certaine pensée "de gauche".
Il y a bien, également, une non-réponse technique à cette question :"Il est dangereux de faire croire aux citoyens que l'efficience technologique va permettre de résoudre les problèmes environnementaux. Cela retarde encore le moment où, collectivement, nous déciderons de mettre en place une société différente et plus sobre." C'est ce que répond Thierry Ripoll, auteur de "Pourquoi détruit-on la planète ? Le cerveau d'Homo sapiens est-il capable de préserver la Terre ? (Le Bord de l'Eau, 240 p.) à la question : "Le cornupianisme, ou croyance dans les progrès technologiques et scientifiques pour trouver des solutions aux problèmes des ressources, est-il rationnel ?"
Pour autant, il y a bien un problème de limitation de notre liberté individuelle à consommer comme on veut : il va bien falloir, de la même façon que nous avons mis en place des règles de limitation de la liberté individuelle pour garantir la sécurité du groupe, mettre en place des règles garantissant la diversité du vivant et la pérennité des ressources naturelles.
Pour cela, une limitation de la consommation des plus riches et une réorientation de la consommation de tous semble inévitable, et elle passe par une réduction drastique des inégalités de revenu et de patrimoine, seule à même de garantir la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre à la hauteur et dans les temps requis.
C'est en cela qu'enjeu social et enjeu écologique se rejoignent.
Et c'est aussi pour cela que je voterai Nupés le 19 juin.