Portée et limites d'un accord

Publié le par Henri LOURDOU

Législatives des 12 et 19 juin

Portée et limites d'un accord.

 

Je dois sportivement le reconnaître : j'ai sous-estimé la capacité de Jean-Luc Mélenchon à imposer à ses troupes un accord acceptable par les trois autres composantes, pôle écolo, PCF et PS.

Et ce d'autant que le temps imparti était très court. Mais peut-être est-ce plutôt cela qui a favorisé l'accord : personne ne pouvait mégoter ou jouer la montre.

Cet accord était attendu en particulier par toutes ceux-celles qui avaient "voté utile" le 10 avril, sans adhérer pour autant à l'intégralité du programme et des positionnements de LFI.

Il garantit donc a priori une bonne dynamique électorale les 12 et 19 juin.

 

Au-delà, cependant, il faut bien s'interroger sur la suite et les suites.

Si le principe d'une autonomie politique des différentes composantes de cette "nouvelle union populaire écologique et sociale" est préservé, les conditions programmatiques imposées par LFI ne relèvent que d'un effet d'affichage "à gauche toute" potentiellement contre-productif.

Je regrette pour ma part que les négociateurs d'EELV aient laissé passer le mot d'ordre résolument vintage et démagogique de "la retraite à 60 ans".

Car de deux choses l'une : ou bien ceux qui le défendent y croient vraiment, mais seront dans l'incapacité d'en assurer le financement, ou bien ils savent pertinemment qu'il est inapplicable et mentent délibérément au peuple. Je penche quant à moi pour la seconde hypothèse, qui est pourtant la pire. Et c'est d'autant plus grave que ce mot d'ordre est de plus très profondément injuste socialement. Car, on le sait pourtant très bien depuis longtemps, l'âge unique de départ en retraite fait l'impasse sur deux éléments : la durée de cotisation en fonction de l'âge d'entrée dans la vie active, et la pénibilité différente des métiers et fonctions exercées.

Tout cela : conditions de financement dégradées en fonction de la pyramide des âges et de l'espérance de vie, et inégalités face à l'âge de départ en retraite, de plus en plus de gens le savent. Et donc vont juger démagogique et injuste le mot d'ordre de "la retraite à 60 ans".

Aussi, avoir laissé passer ce mot d'ordre, au motif sans doute qu'il n'était pas si central que cela dans l'ensemble du programme et dans la campagne, est un très mauvais calcul. Car il signe de fait l'abandon de la volonté d'être majoritaire et de gouverner qui est pourtant proclamée.

 

En réalité, cet accord n'a pas pour ambition de construire une majorité alternative au macronisme, mais d'élargir le périmètre de la gauche protestataire dans le cadre d'une recomposition inachevée de la gauche.

Ce faisant, il obère, si l'on en reste là, les chances de construire un vrai programme commun de gouvernement pour faire face à l'urgence écologique et sociale.

Car celui-ci doit impliquer non des mesures sociales du siècle dernier, mais des mesures sociales de la société de sobriété à construire : comme le rappelle le dernier n° de l'excellente revue suisse "La Revue Durable" (n°67 printemps-été 2022), il s'agit bien de "négocier le nécessaire virage à angle droit vers un autre mode de vie" (p 17) et donc bien de mettre l'urgence climatique au centre.

C'est dans cet esprit et cette perspective que je soutiendrai donc les candidats de la "nouvelle union populaire écologique et sociale".... pour aller un peu plus loin dans la réponse à l'urgence climatique.

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