Leçon de morale ou responsabilité politique

Publié le par Henri LOURDOU

Leçon de morale ou responsabilité politique

Leçon de morale ou responsabilité politique ?

 

Dans "Le Monde" daté 14-4, p 3, l'écrivain Pierre Lemaître, membre du "Parlement de l'Union populaire", nous renvoie à la posture des "donneurs de leçon de morale" : "J'espère que ceux qui ont choisi de ne pas faire barrage à l'extrême-droite au premier tour ne viendront pas nous donner des leçons de morale au second." Ce disant il se fait lui-même "donneur de leçon de morale" en assimilant le choix de n'avoir pas voté Mélenchon à un choix moral.

Heureusement, p 28 du même journal, le politiste russe Andreï Kolesnikov vient à notre secours en rappelant la distinction opérée par Hanna Arendt entre responsabilité politique (collective) et culpabilité morale et/ou légale.

Le choix de ne pas voter Mélenchon au premier tour n'est pas un choix moral, mais un choix politique, tout comme le choix de voter Macron au second tour.

Ils se fondent non sur des arguments moraux, mais sur des arguments politiques.

 

  1. L'absence d'union des gauches et des écologistes au premier tour découle de deux réalités politiques :

    -La nature de cette élection qui implique le choix d'un candidat unique

    -L'absence de négociation entre l'ensemble de ces forces politiques sur un programme commun qui l'aurait permis. De ce point de vue, la responsabilité politique est entièrement partagée entre toutes ces forces politiques (PC, PS, Pôle écolo, LFI).

  2. En ce qui concerne le second tour :

    -Il n'y a pas photo : si Macron a écorné l'Etat de droit, Le Pen entend carrément le détruire

    -On peut le déplorer, mais le peuple souverain a tranché au premier tour : le seul bulletin de vote disponible pour faire barrage à Le Pen est le bulletin Macron

    -Notre responsabilité politique est donc claire : utiliser ou non ce bulletin peut déterminer l'issue du scrutin.

  3. Quant au troisième tour que constituent les législatives :

    -La nature de l'élection (577 circonscriptions) permet, malgré ses limites (scrutin uninominal majoritaire à deux tours), de construire un accord national dès le premier tour entre toutes les forces de gauche et écologistes. Celui-ci ne peut s'appuyer sur le seul résultat du premier tour de la présidentielle, biaisé par le "vote utile", mais doit prendre en compte au mieux la représentativité réelle de chaque parti.

    -Faute d'un tel accord, nous repartirons dans la désunion et les illusions de 2017-2022.

    -Au-delà d'un accord électoral, c'est bien un programme commun de gouvernement qu'il faut construire : un programme construit et approprié collectivement à tous les niveaux, par la pratique du débat et du compromis. Un travail démocratique de longue haleine.

Publié dans politique, unir les gauches

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article