Quelle transition écologique ?
Quelle transition écologique ?
Il est de plus en pus nécessaire de clarifier ce qu'on entend par là. Car au fur et à mesure que sa nécessité devient apparemment consensuelle, les divergences de fond ressurgissent avec une fâcheuse tendance à l'anathème sur "l'écologie idéologique" opposée à celle du "bon sens" et "l'écologie punitive" opposée aux "plaisirs de la vie" et à la liberté individuelle.
Une croissance verte est-elle possible ?
C'est ce que voudraient croire de nombreux social-démocrates ou communistes récemment convertis à l'écologie.
Et on les comprend. Toute leur identité historique s'est construite sur "la répartition équitable des fruits de la croissance" (pour les social-démocrates) ou le "développement des forces productives" (pour les communistes).
Malheureusement, il va leur falloir abandonner ces références et revoir leurs "paradigmes" économiques s'ils veulent être cohérents avec leur nouvel engagement écologique.
C'est ce que montre opportunément le dernier dossier de l'hebdomadaire "Courrier international" (n°1583 du 4-3-21).
Il apparaît en effet clairement qu'une "transition écologique" bâtie sur la poursuite de l'extractivisme et du productivisme consubstantiels au capitalisme n'aurait d'écologique que le nom.
En particulier, la course aux "énergies renouvelables" comme simples substituts aux "énergies fossiles"s'avère fort coûteuse d'un point de vue environnemental.
Par exemple, les éoliennes demandent du bois de balsa qui, issu de la forêt amazonienne d'Equateur, amène à une déforestation massive dans ce pays. A noter que la principale demande vient de Chine...pays qui se réfère toujours au saint "développement des forces productives" de la tradition marxiste-léniniste.
De la même façon, l'extraction des "terres rares" nécessitées par cette technologie des éoliennes industrielles (mais également par celles des smartphones et tablettes de la "révolution numérique", des panneaux solaires, des ampoules électriques à faible consommation, des voitures à batterie électrique) a des impacts destructeurs croissants sur l'environnement et induit de nouveaux conflits géopolitiques.
Dès lors, la solution s'impose : il faut "consommer moins de ressources".
Mais comment le faire sans renoncer à la croissance ?
Une économie post-croissance ?
Le concept n'est plus tabou. Mais il invite à la réflexion sur nos besoins, leur nature et la façon de les limiter.
Parler de sobriété volontaire est-ce déjà trop ? Certains n'entendent pas le mot "volontaire"et pensent qu'on va la leur imposer, avant même de s'interroger sur quel pourrait être son contenu.
Se limiter est-il forcément se priver ? Vaste question. La mise en place d'incitations aux consommations décarbonées peut aider à y répondre sans se prendre trop la tête. Mais au bout, il y aura forcément nécessité d'une décroissance de notre empreinte carbone.
Cela a été mesuré. Un document déjà ancien (2019) d'un bureau d'études dépendant de la Caisse des Dépôts l'avait résumé sous forme d'infographie https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/infographie-interdiction-d-acheter-une-voiture-neuve-ou-de-prendre-un-long-courrier-couvre-feu-thermique-quotas-sur-les-produits-importes-les-mesures-chocs-pour-rester-sous-1-5-c-146877.html
C'était à l'époque des débats post-Gilets jaunes sur les conditions d'une trajectoire limitant le réchauffement global à +1,5°C... suite au dernier rapport du Giec.
Le magazine en ligne Reporterre avait également repris les résultats de cette étude :
https://reporterre.net/Rester-sous-les-1-5-oC-voici-comment-nos-vies-pourraient-changer
On voit bien, pour qui accepte de s'y pencher, que cela implique une forte remise en cause de nos modes de vie.
S'il n'est évidemment pas question de l'imposer par la contrainte, quelles sont les alternatives ?
Hé bien, c'est de laisser filer le réchauffement global et de voir ce que ça va donner. Si ça vous tente, continuez à ne jurer que par la croissance...
Moi j'ai pris mon parti du contraire. Et donc je m'interroge sur la façon de le faire, d'abord dans mon quotidien.