Face à la dérive sécuritaire

Publié le par Henri LOURDOU

Face à la dérive sécuritaire

Face à la dérive sécuritaire

 

Les rodomontades médiatique du Ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, tendraient à nous le faire oublier.

Les réactions complotistes aux mesures sanitaires également.

Mais le cadre légal de l'action des pouvoirs publics s'exonère de plus en plus des principes libéraux et égalitaires du Droit.

Les lois adoptées dans une indifférence quasi-générale, ou après des mobilisations aussitôt retombées, tissent un réseau de contraintes renforcées à l'action des citoyens, et ouvrent le champ à l'arbitraire d'un Pouvoir qui ne serait plus animé du moindre souci des libertés et droits universels.

Tout cela découlant de la peur suscitée par le risque terroriste.

Nous sommes pleinement confronté à ce que Tzvetan TODOROV dénonçait en 2008 dans la réaction américaine aux attentats du 11 septembre 2001 :

"Les pays occidentaux ont pleinement le droit de se défendre contre toute agression et toute atteinte aux valeurs sur lesquelles ils ont choisi de fonder leurs régimes démocratiques. Ils ont notamment à combattre avec fermeté toute menace terroriste et toute forme de violence. Ils ont intérêt cependant à ne pas se laisser entraîner dans une réaction disproportionnée, excessive et abusive, car elle produirait des résultats contraires à ceux que l'on escompte."

(Tzvetan TODOROV, "La peur des barbares", 2008, Le Livre de Poche, Edition 7 de février 2016, p 18-19)

 

Réaction disproportionnée, excessive et abusive qui provoque des résultats contraires à ceux que l'on escompte.

C'est bien ce à quoi nous assistons en matière migratoire en particulier.

Alors que le cadre plus restrictif de l'immigration tracé par la loi asile-immigration de 2018 avait soi-disant pour objectif de sécuriser l'entrée sur le territoire national et de favoriser l'intégration, il a pour principal effet de renforcer l'emprise du crime organisé et des trafics humains dans les trajectoires migratoires, et de créer toujours plus de sans-papiers et de sans-abris. Et donc de susciter toujours plus de violences notamment  policières et de racisme, terreau idéal de la "radicalisation".

Le reportage remarquable de Zineb Dryef pour  "M le magazine du Monde" du 5-3-21 illustre pleinement ce constat.

La mise à l'abri et la prise en charge des jeunes migrants isolés est bien une priorité politique que devraient porter haut et fort les candidats aux prochaines élections qui portent vraiment la devise de notre République : "Liberté, Égalité, Fraternité". Ou alors, il faudrait conclure que ces mots n'ont plus aucun sens pour eux.

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