Pour éviter le pire en 2022

Publié le par Henri LOURDOU

Pour éviter le pire en 2022 :

relever le niveau du débat politique.

 

Deux articles du "Monde" daté 9-2-21 et apparemment sans lien entre eux m'inspirent ce texte.

Il s'agit de la tribune de Laurent Joffrin, p 27, en faveur d'un candidat unique de la gauche et des écologistes pour les présidentielles 2022 d'une part, et du compte-rendu du livre du député LR François Cornut-Gentille, p 28, pour "sortir de l'impuissance démocratique", d'autre part.

 

Le raccourci illusoire du candidat-miracle pour 2022

 

Si Joffrin pointe bien le triple enjeu à relever (montée des inégalités, dégradation de la planète et crise de la démocratie), le remède qu'il propose, celui du candidat-miracle qui réconcilierait les morceaux épars de la gauche et des écologistes réformistes, me semble un raccourci illusoire et voué à l'échec.

Et cela, alors-même que son analyse des limites de l'offre politique offerte par un nouveau duel désespérant Macron-Le Pen me semble impeccable.

On ne peut faire l'économie d'une analyse plus approfondie de la crise de cette "offre politique" pour en construire une véritable alternative.

A cela, le compte-rendu du livre de Cornut-Gentille nous donne un stimulant début.

 

Analyse de l'impuissance démocratique

 

Député depuis 5 mandats, Cornut-Gentille, a nous dit la journaliste du "Monde" Julie Carriat qui signe ce compte-rendu, "l'avantage d'un poste d'observation de choix".

Ce qu'il met en avant, à partir d'une mission parlementaire qu'il a initiée sur l'action de l'État en Seine Saint Denis, c'est "l'inadaptation des modes d'action" qui crée "l'inefficacité publique" : le cloisonnement et la lourdeur bureaucratique créent une culture de l'irresponsabilité où chacun se renvoie la balle.

A cela s'ajoute une culture politique où le sens des débats disparaît au profit de l'image de marque, créant du clivage artificiel pour se "démarquer" : la radicalisation des positions est au bout, au détriment du diagnostic approfondi des situations à traiter.

A cela il faudrait ajouter le culte de l'instantanéité, qui est aussi celui de l'oubli instantané.

Mais le résultat de tout cela est une désillusion cruelle des citoyens : "Désormais – et la crise sanitaire est venue renforcer cette évolution - , les Français savent que le pouvoir ne sait pas, et ils voient maintenant le coup de bluff qu'ils ne voyaient pas hier."

Et le danger qui se profile nettement pour 2022, est que "le vote pourrait être l'occasion de choisir n'importe qui pour faire n'importe quoi. Non par adhésion à des idées folles, mais par lassitude et par ennui."

 

Quel changement ?

 

De mon point de vue, la balle est dans le camp des militants et des partis : ou bien ils renoncent aux postures et à la comm' en posant nettement la complexité des enjeux, et en acceptant de prendre le temps et les moyens des débats pour construire une offre politique sérieuse à vocation majoritaire; ou bien ils continuent leurs petits jeux tactiques et communicationnels auxquels personne ne croit plus, en affichant un soi-disant candidat à la fois providentiel et clivant.

C'est bien d'un changement de culture politique que nous avons besoin : celui qui nous ferait passer à une démocratie adulte, ou le compromis est la règle et l'affrontement l'exception. Et attention à ne pas confondre compromis et eau tiède : il présuppose le débat et l'analyse sans concessions des réalités, et peut s'accommoder de mesures radicales.

 

 

Publié dans politique

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