Sara LÖVESTAM Les enquêtes de Kouplan, détective sans-papiers

Publié le par Henri LOURDOU

Sara LÖVESTAM Les enquêtes de Kouplan, détective sans-papiers
Sara LÖVESTAM Les enquêtes de Kouplan, détective sans-papiers
Sara LÖVESTAM Les enquêtes de Kouplan, détective sans-papiers
Sara LÖVESTAM Les enquêtes de Kouplan, détective sans-papiers

Sara LÖVESTAM

"Chacun sa vérité" (Pocket, 2018, parution en fçais 2016)

"Ça ne coûte rien de demander" (Pocket, 2019, parution en fçais 2018)

"Libre comme l'air"(coll "La Bête Noire", Robert Laffont, mars 2019, 349 p)

traduit du suédois par Esther SERMAGE. Pocket, juillet 2020

"Là où se trouve le coeur"(coll "La Bête Noire", Robert Laffont, juillet 2020)

 

Le troisième titre constitue l'avant-dernier épisode d'une tétralogie centrée sur le personnage de Kouplan, détective sans papiers à Stockholm.

 

Je suis complètement addict à cette série de romans policiers hors-norme. Hors-norme car le personnage de Kouplan, né Nesrine, l'est. Assigné fille à la naissance, il décide, lors de son long séjour comme demandeur d'asile en Suède, de "transitionner" en garçon sous le nom, qu'il se donne lui-même, de Kouplan.

Débouté de sa première demande d'asile, il se transforme en clandestin sans papiers pendant quatre ans, à l'issue desquels il pourra légalement présenter une nouvelle demande.

Dans le premier tome de la série, "Chacun sa vérité", on le découvre dans cette situation. Il vient de quitter l'emploi clandestin de "plongeur" dans un kébab, qui lui assurait un minimum vital et un hébergement. Pour survivre, Kouplan se transforme donc en "détective privé" en utilisant les possibilités offertes par Internet et son téléphone portable, et son principal atout : son sens de l'observation et de la déduction, nourri par l'éducation de sa mère psychologue. Détective atypique, il va donc dégoter des clients tout aussi atypiques...

La force du récit de Sara Lövestam est de nous placer au plus près du vécu de Kouplan en ne nous épargnant aucun des détails les plus triviaux de son quotidien difficile, mais aussi les pensées et les souvenirs qui l'assaillent. Ce qui lui permet de reconstituer habilement par bribes tout son passé au fil des différents épisodes. Les affaires traitées par notre détective permettent parallèlement – ce qui est beaucoup plus classique – d'aborder différents aspects de la société suédoise.

Mais le plus fort reste, bien sûr, le vécu quotidien d'un "sans-papiers" toujours sur le qui-vive et dans la plus grande précarité, doublé de celui d'un garçon transgenre, éloigné d'une famille aimante, son frère aîné, journaliste opposant au régime iranien comme lui, et disparu dans les geôles du gouvernement, ce qui a provoqué son départ, ses parents, intellectuels libéraux, avec lesquels il a perdu tout contact pour ne pas les compromettre.

Sara Lövestam met intelligemment en scène les personnes avec lesquelles Kouplan va entrer en contact pour faire ressortir la diversité de leurs profils et de leurs motivations. Et l'on s'aperçoit que les nobles sentiments peuvent coexister avec des passions plus tristes, ce qui permet de maintenir l'espoir au milieu des difficultés.

Passionnant de bout en bout, ses livres démontrent que des convictions fortes n'ont pas forcément besoin de procédés didactiques appuyés ou de caricatures pour convaincre.

Merci à elle de nous réconcilier avec la littérature "engagée".

 

 

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