Les Verts européens, la FI et les traités européens, un désaccord de méthode

Publié le par Henri LOURDOU

Les Verts européens, la FI et les traités européens :

désaccord de méthode.

 

Il est rafraîchissant de lire Manon Aubry, tête de liste FI aux élections européennes. Quand on sort, comme elle le fait, des anathèmes et de la vitupération pour aligner des arguments posés, cela donne envie de débattre.

Son interview au "Monde" daté 11-4-19 est un modèle de mise en avant claire et précise des désaccords qui nous séparent.

En résumé, dit-elle, la FI souhaite signifier clairement sa volonté de "sortir des traités européens" chaque fois que ceux-ci contrarient une vraie politique de transition écologique. Or, les Verts européens ne seraient pas au clair sur cette question, surtout, dit-elle, si on ajoute à cela "les déclarations récentes de Yannick Jadot sur l'écologie compatible avec la libre entreprise et la stratégie d'accord au Parlement européen des Verts allemands avec les libéraux, voire avec le Parti Populaire européen (PPE, droite) ."

L'addition de ces différents points de désaccord correspond en réalité à un seul grand désaccord de méthode , qu'il convient de clarifier.

On peut le résumer ainsi :

Attendre d'être majoritaires tous seuls pour changer quoi que ce soit, ou construire sans attendre des majorités pour avancer chaque fois que possible ?

Quand Manon Aubry impute aux seuls Verts allemands des alliances avec les libéraux (groupe ALDE, centre) ou le PPE (centre-droit), elle est en-dessous de la réalité : en effet, ce n'est qu'en ayant rallié des eurodéputés de ces deux groupes (qui ne sont pas, loin de là, homogènes, en particulier le PPE) que le groupe Verts/ALE, qui inclue les députés français d'Europe écologie, a obtenu des votes majoritaires sur certains dossiers au Parlement européen. Et d'ailleurs, dans ces votes, le plus souvent, les eurodéputés de la GUE (groupe auquel les élus de FI vont sans doute adhérer) ont aussi voté avec nous, comme sur l'interdiction de la pêche électrique par exemple, ou le Règlement Général sur la Protection des Données personnelles (RGPD). Toutes les batailles menées au Parlement européen par un groupe Verts/ALE minoritaire mais soudé et toujours à l'initiative l'ont été dans ce cadre-là.

La question posée par les déclarations controversées de Jadot sur la "libre-entreprise" relève de la même logique : nous ne croyons pas possible un monde économique entièrement régi par l'initiative publique et nous croyons à l'intérêt de l'initiative individuelle dans le cadre d'une économie mixte, dans laquelle nous pensons qu'il faut introduire un "tiers secteur" pleinement reconnu, celui de l'économie sociale et solidaire (faut-il rappeler que c'est à l'initiative d'un ministre Vert que l'on doit la loi créant les SCIC-Sociétés Coopératives d'Intérêt Collectif ?).

Quant à la "sortie des traités", on retrouve ici la même rigidité de posture : elle suppose un gouvernement français sur cette ligne, donc un changement de majorité parlementaire en France. Donc une majorité de députés FI (ils sont 17 sur 577 actuellement). Et en attendant, on fait quoi ? Nous pensons qu'il y a des marges de manoeuvre inexploitées dans les traités, car, comme le dit bien par ailleurs Manon Aubry, tout est affaire de rapport de force politique, et celui-ci ne saurait se construire exclusivement au niveau d'un seul pays. Cette élection est bien une élection européenne, pour mener des batailles victorieuses au Parlement européen en construisant des majorités d'idées sur des dossiers précis. Seul le groupe Verts/ALE a la cohésion et la volonté nécessaire pour les mener.

Au final, le choix des électeurs sincèrement écologistes est celui-ci :

Se faire plaisir en affirmant des convictions radicales, et alors ils doivent voter FI

ou bien obtenir des résultats en construisant des majorités en votant EELV.

Publié dans Europe, Verts et EELV, écologie

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