Que va-t-il rester de la révolution syrienne ?
Que va-t-il rester de la révolution syrienne ?
Avec la chute de Deraa se joue l'avant-dernier acte militaire d'une défaite annoncée, avant la liquidation du réduit d'Idlib où se sont rassemblés tous les djihadistes non inféodés à l'EI.
Dans "Le Monde" daté 14-15 & 16-7-2018, Benjamin Barthe, envoyé spécial à Amman et ancien correspondant permanent à Ramallah, résume 7 ans de guerre civile sous le titre : "A Deraa, l'étincelle de la révolution syrienne s'est éteinte."
C'est l'occasion de se poser la question : cette étincelle est-elle vraiment éteinte ?
S'il est vrai que la phase militaire semble définitivement terminée par une victoire sans conteste du terrible régime national-socialiste syrien, il n'en demeure pas moins que, dans ce pays détruit, rien ne sera plus jamais comme avant.
Malgré les centaines de milliers de mortEs et de disparuEs, la plupart dans les geôles du régime, et le plus souvent après avoir été torturéEs, des millions d'exiléEs et de déplacéEs portent encore en eux les souvenirs et les aspirations d'une révolution qui se voulait démocratique et pacifique...et qui le fut jusqu'à ce que la répression sanglante du régime leur impose le choix des armes. Le détournement de ces aspirations par les mouvements djihadistes ne s'est pas fait sans mal ni sans résistances, et n'a pas été, loin de là, général. Et, comme le rappelle B.Barthe, c'est dans le Sud du pays, à l'exception peut-être d'Alep, que ces aspirations ont été les plus fortes (le cas du Kurdistan, mythologisé par une partie de l'extrême-gauche libertaire, est à mettre à part car très ambigu pour le moins).
Ceux et celles qui portaient ces aspirations, symbolisés par les hautes figures de Yassin Al-Hadj Saleh et Razan Zaïtouneh, l'un en exil à Istanbul, l'autre disparue dans la Ghouta orientale, sont en grande partie toujours là, réfugiés dans la clandestinité ou dans l'exil par millions.
Notre solidarité doit continuer à les accompagner pour préserver les conditions d'une lutte pacifique et de longue durée pour l'instauration en Syrie d'une République démocratique basée sur le respect des droits humains.
Car ce qui a failli, c'est l'option militaire de la révolution, qui a placé ce mouvement sous la dépendance des puissances étrangères , non la révolution elle-même.
Donc, plus que jamais, il faut le proclamer : vive la Syrie libre et démocratique !