GPA faux et vrai débat

Publié le par Henri LOURDOU

GPA faux et vrai débat.

 

En France on a de grands principes. Et c'est une très bonne chose.

Mais pourquoi faut-il, qu'avec les mêmes principes, on arrive à des oppositions radicales, comme on le voit sur la question de la Gestation Pour Autrui (GPA) ?

Deux appels parus dans "Le monde" à deux jours d'intervalle et signés l'un et l'autre par des "personnalités de gauche" nous en font une éclatante démonstration.

Le premier, paru dans le numéro daté du 18-1-18, appelle à ouvrir le débat à l'occasion de la révision des lois de bioéthique sur une GPA "pensée et aménagée de façon éthique". Il est signé notamment par Annie Ernaux, Michelle Perrot, Elisabeth Roudinesco, Maurice Godelier, Jacques Milliez....

Le second, paru dans le numéro daté du 20-1-18, appelle, lui, à refuser radicalement la GPA, en raison de sa nature intrinsèquement marchande, car "personne ne peut ignorer que cette pratique fait partie d'un marché procréatif mondialisé en pleine expansion". Il est signé notamment par Sylviane Agacinski, Alice Ferney, Yvette Roudy, José Bové, Jacques Testard...

J'ai choisi ces dix noms à dessein, car ils illustrent bien que ces personnalités appartiennent toutes au même monde progressiste et humaniste qui se réclame des principes égalitaires et solidaires de la gauche.

 

Pourquoi alors une telle opposition ?

 

A lire les deux textes, il me semble évident qu'ils ne parlent pas de la même chose.

Quand le premier se place du point de vue des personnes "en mal d'enfant", dont le désir procréatif est entravé par des raisons biologiques (femmes stériles, couples d'hommes), le second se situe exclusivement du point de vue du cadre économique dans lequel ce désir va devoir s'insérer.

Ce second texte est en effet uniquement consacré à la critique de la marchandisation, critique pertinente, et que la plupart des signataires du premier texte, à l'évidence, ne renieraient pas.

Mais cette critique fait-elle le tour du sujet ?

Si l'on s'en tient là, on ne peut que retourner à leurs auteurs que cette critique s'applique aussi bien à l'adoption, ou à la PMA (Procréation Médicalement Assistée). Veulent-ils donc pour autant qu'on l'abolisse, pour l'adoption, ou qu'on la refuse, pour la PMA ?

De fait, comme le disent au contraire les signataires du premier texte, tout est affaire de cadre et de régulation par la loi, pour autant qu'on admette toutefois que la loi peut encadrer et réguler le marché. Si ce n'est pas le cas, il faut abandonner toute action politique autre qu'une rupture révolutionnaire et radicale avec la société actuelle. Or, je ne sache pas que ce soit la position de la plupart des signataires de ce second texte. Il y a là, pour le moins, une forme d'inconséquence.

 

Le débat sur la GPA est bien un débat légitime. Et au bout de ce débat, il faudra bien arbitrer entre les différentes formes de régulation légale proposées par les uns et les autres pour ne pas en faire, en effet, la proie d'une logique de marché à laquelle l'absence de loi condamne tous ceux et celles qui y ont déjà recours.

Toute autre position n'est à mes yeux qu'hypocrisie ou inconséquence.

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