Gaëtan NOCQ Capitaine Tikhomiroff
Gaëtan NOCQ "Capitaine Tikhomiroff"
La Boîte à Bulles, 2017, 240 p.
Magnifiquement mis en images, ce récit à la première personne de la guerre civile russe de 1918 à 1921, nous rend perceptible sans effet inutile, ni discours idéologique, l'horreur de cette période.
Il va bien dans le sens d'autres récits autobiographiques sur les mêmes événements, tels que les "Aventures dans l'armée rouge" de Jaroslav HASEK , plus connu pour celles du "brave soldat Chvéïk", ou le "Cavalerie rouge" d'Isaac Babel.
Et ceci même s'il s'agit ici des souvenirs d'un soldat de l'armée blanche, Alexandre Tikhomiroff, tels qu'il les a racontés à son fils Alexandre, qui en a fait un livre d'où est tiré ce récit dessiné.
On conçoit, à le lire, tout le prix d'un pays en paix, où les différends sont traités par la voie de la controverse verbale, de la manifestation pacifique et du vote.
Encore une fois, la violence dévoile sa perversité.
En effet, au-delà des justification idéologiques opposées, on en voit les effets étrangement semblables et absurdes, dans l'un comme dans l'autre camp. Au bout du compte, seule la logique de survie à tout prix l'emporte, loin des emballements idéalistes qui l'ont suscitée au départ. Comme le remarque Coluche dans son "Ancien combattant" : "les vrais héros c'est ceux qui sont morts." Seuls les plus forts, les plus malins et les plus chanceux survivent. On ne peut que penser à tous les destins brisés dans la fleur de l'âge sur l'autel d'une prétendue nécessité historique... qu'il convient sans cesse d'interroger.
Et l'on ne peut que partager la remarque finale du père à son fils à propos de son petit-fils : "Il a de la chance. - La chance de quoi ? - De grandir dans un pays en paix."